Un Grenelle en forme de mascarade
Mis à jour le 03.12.20
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Alors que la période est très compliquée en raison notamment de la crise sanitaire, ce n’est certainement pas du côté des discussions ficelées du « Grenelle » de l’éducation qu’il faudra attendre des réponses aux problèmes de l’école.
Quel est le point commun entre un rugbyman, une policière, un DRH d’un groupe privé, un psychiatre des armées ou encore une professeure de sciences des gestions ? Et bien ils sont tous allés à l’école… Et cela leur confère une certaine autorité qui leur permet de mener des ateliers du soi-disant « grenelle » de l’éducation qui a démarré au mois d’octobre et qui devrait se poursuivre jusqu’en février, sur la revalorisation des enseignants, leur formation ou la pédagogie de l’éducation civique…
Cela donne une petite idée de la méthode choisie par l’actuel locataire de la rue de Grenelle pour « poser la question de quels professeurs au XXIe siècle ? ». Ainsi on n’a trouvé autour de la table ni sociologue, ni spécialiste des sciences de l’éducation ou de la formation des enseignantes et des enseignants. Et du côté de la représentation syndicale ? Les possibilités d’entrer dans les salles de visio conférence ont été données au compte-goutte, indiquant ainsi clairement que les personnels des écoles n’avaient pas leur place dans ces discussions.
Finalement ce « grenelle » ne sert qu’à justifier une évolution du métier d'enseignant telle que voulue par le ministre et lourde de menaces sur les statuts et les conditions de travail des personnels.
Aussi c’est logiquement que la FSU, première fédération syndicale de l’Éducation et ses syndicats dont le SNUipp ont décidé de quitter les salles. Il n’était clairement plus possible de laisser croire que les personnels étaient ainsi représentés dans une telle mascarade de consultation.
Le communiqué
La FSU quitte le Grenelle de l'éducation
La participation de la FSU aux ateliers de Grenelle se solde par le constat de l'impossibilité de faire avancer des propositions du fait même du dispositif choisi : il n'était pas question d'une concertation, mais bien d'une opération de communication sur des visions déjà arrêtées et peu ouvertes au dialogue. La parole des personnels au travers de celle de leurs représentants syndicaux est peu écoutée, submergée par celles "d'experts" soigneusement choisis par le ministère, dont certains n'ont pour seule expérience de l'école que de l'avoir fréquentée durant leur jeunesse, assurés pourtant de détenir les solutions malgré leur méconnaissance évidente du système scolaire et de ses réalités.
Le colloque du 1er décembre a offert une démonstration inquiétante de partialité et d’absence du « regard croisé » annoncé par le ministère. Dans une période où la confiance des enseignant-es à l’égard du ministère est largement éprouvée, comme l’a à nouveau montré l’enquête d’opinion IPSOS-FSU, le Grenelle de l’éducation con- tinue à creuser l’écart entre les intentions ministérielles et les attentes réelles des personnels, tant sur le plan du métier que sur celui des rémunérations.
C'est pourquoi la FSU et ses syndicats nationaux ont décidé de quitter ces discussions.
Les Lilas, le 03 décembre 2020