Carrière, formation des PE : un dialogue social biaisé
Mis à jour le 23.05.25
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Le Comité Social d’Administration Ministériel de l’Éducation Nationale (CSA-MEN) s’est tenu le 6 mai dernier. À l’ordre du jour : projets d’arrêtés sur les carrières, réforme du recrutement et de la formation et un point budgétaire très attendu. La FSU-SNUipp y a porté la voix des personnels, avec détermination et vigilance.
Formation initiale
Le ministère a présenté la nouvelle réforme de recrutement des enseignant·es : mise en place de concours dès la licence (bac+3), création d’une licence "professeur des écoles" (LPE), reconnaissance du master, organisation d’une période transitoire, et mise en œuvre d’un pilotage national. Les textes ont été publiés le 19 avril, et les universités préparent pour la rentrée 2025 des modules de préparation au concours (environ 60 heures), financés par le ministère de l’Enseignement supérieur.
Si la FSU-SNUipp acte positivement le concours à bac+3 suivi de deux années de formation, les contenus de celle-ci restent flous. Les échanges avec les Inspé sont en cours et le processus d’accréditation des nouvelles licences vient à peine de débuter. Le dispositif de « fast track », qui permettrait à certains étudiant·es d’être dispensé·es des épreuves d’admissibilité et donc de passer directement les épreuves d’admission, interroge sur l’égalité entre candidat·es, bien que le Conseil d’État estime qu’il ne crée pas de rupture d’égalité.
Le ministère prévoit aussi l’ouverture des masters aux étudiants et étudiantes non admises au concours pour éviter les « reçu·es - collé·es ». Une ouverture au bon vouloir des universités qui ne sont pas tenues de créer des places. Enfin, il a confirmé que l’année de stage en tant qu’élève fonctionnaire sera prise en compte dans les droits à la retraite.
La FSU-SNUipp dénonce une affectation à mi-temps en classe des étudiant·es de M2 qui va réduire fortement leur temps de formation.
De nombreuses questions restent en suspens : contenu réel des formations, affectations des stagiaires, égalités territoriales d’accès…La FSU attend la mise en place rapide du comité de suivi annoncé par la ministre.
Formation continue
La présentation du schéma directeur de la formation a été faite en groupe de travail. Il comprend 7 axes, et ses priorités seront déclinées dans le Programme national de formation (PNF), puis dans les Programmes académiques (PrAF)
La FSU-SNUipp a réaffirmé son attachement à une formation continue en présentiel et sur le temps de travail. Bien qu’elle ait contribué aux discussions et obtenu certaines avancées, la FSU-SNUipp déplore l'absence de prise en compte des demandes et besoins des agent·es et dénonce également une tendance à vouloir uniformiser les pratiques enseignantes.
Carrières
Le ministère a présenté un projet de réforme articulé autour de deux volets indissociables : la révision de la grille d’avancement et la modification du calendrier des rendez-vous de carrière. Parmi les principales mesures :
- La suppression des “accélérations de carrières” aux 6e et 8e échelons ;
- De nouvelles durées uniformes et plus favorables pour certains échelons de la classe normale :
- 5ème échelon : 2 ans (2 ans 6 mois auparavant)
- 6ème échelon : 2 ans 6 mois (3 ans auparavant sans accélération)
- 7ème échelon : 2 ans 6 mois (3 ans auparavant)
- 8ème échelon : 2 ans 6 mois (3 ans et 6 mois sans accélération) - Réorganisation des 3 rendez-vous de carrière.
Le ministère a précisé que si ce projet de décret n’était pas soutenu par les organisations syndicales, il n’aurait aucune chance de pouvoir aboutir. Une forme de chantage inacceptable qui ne respecte pas les bases du dialogue social.
L’ avancement au même rythme pour toutes et tous dans la classe normale est une avancée. A l’inverse, en positionnant le 3e rendez-vous de carrière à l’entrée de la classe exceptionnelle, en lui faisant donner un avis pérenne et en supprimant le barème, le ministère remet en cause l’accès à la classe exceptionnelle pour toutes et tous. Ce choix qui par l'introduction du “mérite” exclut une partie des PE et notamment les femmes de l’accès au 3è grade, constitue une ligne rouge.
Budget : 100 % austérité
Le ministère a apporté des précisions sur la situation budgétaire. En 2024, malgré une dotation initiale de 4 milliards d’euros, 683 millions d’euros de crédits ont été annulés, entraînant une baisse des dépenses salariales : arrêt du pacte et des heures supplémentaires, gel des fonds pédagogiques, non remboursement de frais de déplacements pénalisant les personnels….
Pour 2025, les crédits sont en baisse de 700 millions d’euros et 95 millions supplémentaires ont été annulés en avril. Le ministère a lui même reconnu que le fonctionnement allait être complexe avec des dépenses sous tension.
Les arbitrages budgétaires pour 2026 sont attendus en juillet. Une réduction générale des dépenses est demandée, mais le ministère, fortement dépendant de la masse salariale, sera examiné différemment. Des économies sont d’ores et déjà ciblées au niveau des opérateurs comme le CNED et Canopé.
Pour la FSU-SNUipp, la transparence sur le budget est un enjeu démocratique majeur. Elle réclame des informations régulières sur l’exécution budgétaire et les choix pour 2026, attendus d’ici juillet. Elle s’interroge sur l’utilisation des fonds de réserve, la sous-consommation des emplois et l’absence de schéma d’emplois pour 2025. La FSU dénonce la pénalisation des agents par les coupes budgétaires, notamment pour leurs frais de mission.