Salaires, le ministère doit mieux faire

Mis à jour le 27.01.23

min de lecture

Les discussions ont repris rue de Grenelle. Le ministère a présenté deux hypothèses concernant la partie revalorisation “sans conditions”. Une chose est sûre à la lecture de ces propositions, aucun scénario ne prévoit une revalorisation inédite pour toutes et tous.

Mardi 24 janvier s’est tenue la deuxième réunion sur les négociations salariales.

Le ministère a présenté des propositions concernant une revalorisation dite « socle » non soumise à des conditions contrairement au « pacte enseignant ».

Deux scénarios ont été présentés :

  • hypothèse A  : un niveau de revalorisation qui peut aller jusqu’à 292€ nets/mois pour les échelons 5 et 6 mais qui ne concernerait que la classe normale avec des montants variables ;
  • hypothèse B : la revalorisation concernerait l’ensemble de la carrière, mais avec des montants moins élevés (de 36 € nets/mois pour les PE à la hors-classe, la classe ex et les échelons 10 et 11 de la classe normale à 281 € nets /mois pour les échelons 5 et 6).

Les deux scénario :

Scénario A
Scénario A
Cliquer sur l'image pour agrandir

Scénario B
Scénario B
Cliquer sur l'image pour agrandir

A la lecture de ces propositions, aucun scénario ne prévoit une revalorisation inédite pour toutes et tous. Pire, le ministère crée une opposition entre les PE en privilégiant de nouveau les débuts de carrière et en refusant de fait de revaloriser la majorité de la profession. Passé 20 ans de carrière, le ministère semble considérer que la revalorisation n’est plus aussi nécessaire.

Ces deux scénarios révèlent aussi un véritable aplatissement de la carrière ce qui n'est pas sans poser de problème en termes d'attractivité. Du 1er au 11ème échelon de la classe normale, soit en 26 ans de carrière, le salaire des PE n’augmentera au maximum que de 911 € (hypothèse A). Quelle que soit l’hypothèse, les propositions montrent encore une fois à quel point le ministère souhaite mettre à mal la Fonction publique de carrière. Sans compter que ces propositions se font sous forme d’indemnités et non de points d’indice.

Enfin, la présentation de l’éventuelle revalorisation est malhonnête. En affichant un taux d’évolution entre 2020 et 2023, le ministère gonfle artificiellement les chiffres en intégrant la prime d’attractivité et les 3,5% de dégel du point d’indice. Ce qui permet au ministre d’avoir dans les médias un discours très positif puisqu'il affirmera avoir revalorisé une partie de la profession de 20%. De plus, la rémunération prise en compte intègre la prime d’attractivité, la prime informatique et l’ISAE ce qui n’est pas entendable.

Des propositions ont aussi été faites concernant l’élargissement des possibilités d’accès à la hors-classe et à la classe exceptionnelle. L’accès automatique à l’échelon spécial de la classe ex a aussi été évoqué. Ces propositions vont dans le bon sens mais nécessitent un chiffrage plus précis afin d’en mesurer les impacts concrets.

La FSU a rappelé la nécessité d’un rattrapage des pertes de pouvoir d’achat et d’une véritable revalorisation pour toutes et tous sans contrepartie ce qui passe nécessairement par un plan pluriannuel.

A l’heure où le ministère reconnaît lui-même la charge de travail des enseignants et enseignantes avec 43h par semaine en moyenne, à l’heure où les concours de recrutement restent désertés, ces scénarios sont très loin du choc d’attractivité tant vanté par le ministre. Et ce ne sont pas les hypothèses présentées qui permettront aux PE de remonter dans le classement salarial au sein de l’OCDE.

Au moment où une forte mobilisation est en cours contre le projet de réforme des retraites, la question salariale revêt une importance accrue. Parce que c’est aussi le salaire qui détermine le montant de la future pension, la bataille doit se mener sur les deux tableaux. Le SNUipp-FSU, avec la FSU, y prendra toute sa part.