Programmes maternelle: des évolutions positives mais...

Mis à jour le 17.05.21

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La note du CSP de décembre 2020 bousculait totalement les bases des missions de l'école maternelle. Le SNUipp-FSU a œuvré à des réelles évolutions évitant des apprentissages formels systématiques et concentrés sur des "fondamentaux". Toutefois, les réorientations continuent de faire peser sur cette première école une anticipation précoce au détriment d'une construction progressive du langage ou du nombre.

Des ajustements aux programmes de maternelle devraient être présentés lors du Conseil Supérieur de l'Education le 27 mai prochain. On pourrait dire qu'ils reviennent de loin si on se souvient de la note produite par le Conseil Supérieur de Programmes en décembre dernier. En effet, cette note remettait en cause les fondements de l'école maternelle en proposant des apprentissages souvent sous forme de "rabâchages" et du « bachotage » qui, en faisant glisser les apprentissages formels du cycle 2 vers le cycle 1. Cela aurait eu comme principale conséquence de renforcer les inégalités scolaires, tout en assignant les PE à une position d’exécutant et renvoyant la responsabilité de l’échec aux élèves et à leur famille. Une conception éloignée à la fois de la bienveillance attendue et d'une visée égalitaire et émancipatrice de l'école qui avait légitimement engendré consternation et protestation. 

Des évolutions positives

Pour contrecarrer le projet initial inacceptable, le SNUipp-FSU a pris l'initiative de réactiver le collectif "forum maternelle" avec la publication de la  tribune "Défendons l'école maternelle". Après la tenue du webinaire "Maternelle attaquée: quelle riposte ?" réunissant près de 1 500 enseignant.es, le SNUipp-FSU prolonge la réflexion avec un colloque le 1er juin "Maternelle: il faut voir grand pour les petits". En parallèle le syndicat, enfin consulté, est intervenu lors de groupes de travail œuvrant à une évolution des propositions. 

Les modifications entre la note de décembre donc et ce qui sera proposé lors du CSE sont des avancées et constituent un premier soulagement. Par exemple, la place du jeu a été renforcée, la progressivité en phonologie s'est assouplie, une reconnaissance de la richesse du multilinguistique prenant appui sur les cultures familiales et le cadre collectif dans lequel s'inscrivent les apprentissages est rappelé. Le texte fait aussi référence à l’éducabilité de tous les élèves, le respect du rythme de développement de chacun, le maintien de l’évaluation positive … des notions importantes de la philosophie des programmes de 2015.

D'autres points, tels que l’importance du contexte dans l’apprentissage du vocabulaire ou bien encore la suppression de la description normée des formes géométriques, ont également évolué depuis la première version du texte mais plusieurs éléments restent problématiques, entre autre le domaine "structuration de la pensée" et les apprentissages relatifs à la maîtrise du nombre.

Toutefois...

Malgré de nombreuses avancées permettant de maintenir l'identité de l'école maternelle, plusieurs éléments restent problématiques, entre autre dans le domaine "structuration de la pensée" ou celui de la maîtrise du nombre. La confusion entre langue et langage perdure, donnant une place surdimensionnée à la correction syntaxique d'une langue normalisée au détriment de l'expression orale et du langage comme constitutifs de la construction de la pensée. De même, la place donnée au comptage-numérotage fragilise la construction du nombre comme expression d'une quantité. Des "garde-fous" contre l'importation d'attendus et d'activités issus du cycle 2, présents dans les programmes de 2015, disparaissent et risquent d'induire les pratiques vers des objectifs normatifs et précoces. Des modifications concernant l'évaluation positive comme des ajouts en phonologie ou sur l'oral, font également peser sur l'école première une anticipation dans une forme répétitive des enseignements du CP. De plus, un balisage trop figé par niveau de classe perdure au détriment de la progressivité souple du cycle 1 .

Pour le SNUipp-FSU, ces révisions réorientent encore trop les missions de l'école maternelle; il proposera de nouveaux amendements lors du CSE afin de restaurer l'équilibre que constituaient les programmes de 2015 en défendant l'idée d'une école qui porte les ancrages d'une école ambitieuse pour toutes et tous. 

Le colloque du 1er juin « Maternelle : il faut voir grand pour les petits » permettra aux PE et aux chercheurs et chercheuses de poursuivre les débats et les réflexions afin de continuer à défendre les missions de l’école première.