Évaluer ? Laissez-nous faire !

Mis à jour le 10.09.20

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Alors que pour la troisième année consécutive sont imposés aux écoles des tests standardisés nationaux pour les élèves de CP et CE1, il est bon de rappeler que la pratique de l’évaluation relève des pratiques quotidiennes dans les classes en lien avec les pratiques pédagogiques, les contenus enseignés et la prise en compte du contexte.

Bien sûr « évaluer les progrès ou l’absence de progrès d’un élève, ou il en est par rapport à des attendus est quelque chose de très important. » rappelait André Tricot, professeur de psychologie cognitive et spécialiste de l’évaluation, venu aux universités d’automne du SNUipp-FSU. Et il est facile d’imaginer même pour le commun des mortels que les élèves sont observés, écoutés, entendus par les enseignants et les enseignantes qui les accueillent tous les jours. Ces « informations recueillies dans des temps formels et informels donnent une idée assez juste d’où en est l’élève dans ses apprentissages », soulignait-il.
Un an auparavant, dans les colonnes de fenêtres sur cours, Olivier Rey, chargé de recherche et responsable à l’unité Veille & Analyses de l’Institut français de l’éducation, questionné sur l’utilité de ces tests s’interrogeait : « Pense-t-on vraiment que les professeurs des écoles vont disposer d’informations dont ils ne disposaient pas jusque-là ? N’y-a-t-il pas un risque de redondance ou d’abandon des prélèvements par observation ? Cela ne va-t-il pas pousser les enseignants à une forme de passivité sur cette question ? ». Et du côté des PE, le sentiment général qui se dégage est encore plus négatif. Les centaines de témoignages recueillis par le SNUipp-FSU montrent que ces tests CP et CE1 sont jugés inappropriés aux connaissances des élèves, stigmatisants, compliqués à mettre en œuvre, chronophages pour les élèves comme pour les enseignants, difficilement restituables aux élèves comme aux parents et au final se révèlent comme une énorme … perte de temps.

Lassitude 

Aussi est-il difficile de comprendre l’entêtement de ce ministère à maintenir coute que coute des évaluations qui ne servent pas aux principaux intéressés ou si peu. Cela s’avère une perte de temps et d’argent, alors qu’il y aurait bien d’autres priorités en cette rentrée particulière.
Ces évaluations standardisées sont devenues au bout de trois ans le symbole du manque de confiance de la rue de Grenelle envers les enseignantes et les enseignants des écoles. C’est pourtant bien elles et eux qui font la classe au quotidien et qui ont su tenir la barque et la tiennent encore à bout de bras, souvent livrés à eux-mêmes, dans la crise épidémique toujours en cours.
Et si on laissait faire les enseignants et les enseignantes, monsieur le ministre !