Budget 2026, les personnes retraitées mises à contribution
Mis à jour le 08.09.25
min de lecture
Une « année blanche », le gel des pensions, le maintien du montant de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), le blocage des barèmes dont ceux de l’impôt sur le revenu et de la CSG, la transformation de l’abattement fiscal de 10 % en un abattement forfaitaire de 2 000 euros sont les principales mesures qui toucherait les retraité.es.
Selon la note, diffusée le 18 juillet dernier, par Pierre Madec, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les personnes retraitées sont largement mises à contribution pour assainir les finances publiques.
Des attaques inadmissibles
La non revalorisation des pensions en 2026 entrainerait une perte de revenu disponible pour les foyers comptant au moins une personne à la retraite. Le gel du barème de l’impôt sur le revenu se traduirait par une augmentation de la fiscalité pour les ménages dans lesquels on dénombre au moins un ou une retraitée .
La suppression de l’abattement de 10 % et son remplacement par un forfait amèneraient 5,2 millions de ménages à payer davantage d’impôt sur le revenu. « Il s’agit là principalement de retraités seuls ou de couples de retraités appartenant aux 30 % de retraités les plus aisés », précise Pierre Madec.
Quant à l’instauration du forfait de 2 000 euros, il a des répercussions différentes « en fonction de la structure des revenus ». Ainsi, la réforme « peut réduire l’impôt » de celles et ceux qui gagnent de l’argent grâce à leur patrimoine, et elle « tend à accroître » la fiscalité des foyers dépendant « presque exclusivement des pensions ».
L’abattement forfaitaire de 2000 € accompagnée du blocage des barèmes, augmenterait l’impôt sur le revenu et le taux de CSG et ce sont les personnes à la retraite vivant seules qui seraient les plus touchées. D’autant qu’avec l’inflation, le maintien au même niveau de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) entrainerait une perte de revenus disponibles.
Des vérités à rétablir
L’abattement de 10 % porte sur les pensions et rentes viagères avec un minimum par pensionné·e (450 euros en 2025) et un plafond par foyer fiscal (4.399 euros en 2025). Mesure* mise en œuvre par Raymond Barre en 1978 sous Valéry Giscard d’Estaing dans un souci d’équité, pour compenser le fait que les retraité·es avaient moins la possibilité de dissimuler leurs revenus que d’autres catégories de contribuables. Il a été maintenu par la suite pour neutraliser des réformes successives du mode de calcul de l’impôt sur le revenu.
*2ème et 3ème alinéas de l’article 158-5-a du CGI ajout
Le projet de loi de finances et le projet de Loi de financement de la sécurité sociale sont de natures différentes et sont examinés et votés séparément. Que ce soient l’abattement de 10% ou l’abattement forfaitaire, tous deux dépendent de l’impôt tandis que les pensions dépendent du budget de la sécurité sociale, l’un ne pouvant abonder l’autre. Entretenir la confusion de ces deux budgets invite à opposer les personnes actives et retraitées.
Que représente l’abrogation de cet abattement fiscal, chiffré à plus de 3 milliards d’euros par an et bénéficiant à 18 millions de retraité·es, par rapport à la fraude et l’évasion fiscale qui se traduit par un manque à gagner pour le Budget de l’État estimé entre 60 et 80 milliards d’euros par an ou l’abattement forfaitaire, seulement « un solde net de l’ordre de 800 millions d’euros de recettes fiscales pour l’Etat »,
Un autre budget s’impose en rétablissant une véritable justice fiscale par une réelle progressivité du système fiscal, en luttant résolument contre l’évasion fiscale, en imposant les ultra riches par IPF (taxe Zucman), en restaurant une justice sociale par une répartition équitable des richesses, en arrêtant les exonérations de cotisations sociales. .