"Une école riche"

Mis à jour le 12.12.18

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Marie-Thérèse Zerbato-Poudou analyse ce qui se passe actuellement autour de la maternelle

Docteure en sciences de l’éducation, maître de conférence, Marie-Thérèse Zerbato-Poudou a été enseignante en maternelle pendant 30 ans. Elle est membre du conseil scientifique de l'AGEEM.

LES PROGRAMMES DE 2015 SONT-ILS ADAPTÉS AUX ENFANTS ÂGÉS DE 3 À 6 ANS ?

Les programmes de 2015, comme tous programmes sont perfectibles, mais ils marquent une avancée : la mise en avant de la langue orale pour s’approprier la langue écrite, la place accordée à la production autonome d’écrits, la valorisation des jeux. Dans les programmes de 2008, avec la vision de la grande section antichambre du CP, ils avaient disparu de ces classes. Pourtant jouer est crucial. Il ne s’agit pas seulement du jeu libre, ou penser que si l’élève joue il apprend. Il s’agit de s’appuyer sur le jeu pour organiser des apprentissages formalisés.

QUE PENSEZ-VOUS DES ÉVALUATIONS PASSÉES PAR TOUS LES ÉLÈVES DE CP EN SEPTEMBRE ?

Les évaluations de début de CP sont clairement inadaptées, pour plusieurs raisons. Il y a un écart certain entre les tests proposés et ce qu’il est possible de faire en maternelle. Le temps de passation a été aussi une source de difficulté. J’ai entendu une petite fille demander à sa maman de l’entraîner avec un chronomètre car elle a été stressée par cette contrainte. Certains enseignants avouent ne pas avoir respecté le temps imparti. Je m’inquiète de la finalité de ces évaluations, elles pourraient signifier une remise en cause des programmes de 2015.

LE GOUVERNEMENT S’ORIENTE-T-IL VERS UNE PRIMARISATION DE LA MATERNELLE ?

Je pense que c’est plus compliqué aujourd’hui que ça ne l’était en 2008 où le projet du ministère était très clair. Aujourd’hui, nous avons un ministre qui s’inquiète des non-performances et qui, parallèlement, valorise les pratiques de type Montessori où les choix et le rythme de chacun sont respectés. Comment concilier à la fois des objectifs ambitieux centrés sur les apprentissages fondamentaux et une approche de type naturaliste qui mise sur l’éclosion plus ou moins spontanée et autonome des intelligences ? Pour les enfants de milieux populaires, l’attentisme n’est pas de mise. Ils ont besoin, plus que d’autres, d’une école culturellement riche et responsable qui organise de façon réfléchie et structurée leur parcours scolaire. Il ne faudrait pas s’orienter vers le retour d’une école à plusieurs vitesses. 

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