Sexisme : il est temps d’agir
Mis à jour le 21.03.25
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Le HCE pointe dans son dernier rapport l'augmentation des violences sexistes et sexuelles
Le HCE, dans son dernier rapport, pointe l’augmentation des violences sexistes et sexuelles et appelle les pouvoirs publics à une obligation de résultats.
« Il existe une polarisation croissante d’une partie de la jeunesse, avec d’un côté des femmes plus sensibles au féminisme et de l’autre une partie des jeunes hommes plus sensibles [...] aux discours masculinistes », relève le Haut conseil de l’égalité (HCE) dans son rapport annuel 2024 sur l’état des lieux du sexisme en France. Les inégalités entre femmes et hommes persistent à de multiples niveaux. Six Français et Françaises sur dix estiment qu’il est difficile d’être une femme selon le baromètre du HCE. Un constat davantage partagé par 86% des femmes de 25 à 34 ans contre 66% des jeunes hommes et en hausse chez les plus jeunes (94% des femmes de 15 à 24 ans, soit 14 points de plus par rapport à l’an dernier). Dans le même temps, 45% des hommes de moins de 35 ans jugent qu’il est difficile d’être un homme car ils perçoivent les jeunes femmes comme des concurrentes directes notamment sur le marché du travail.
Dans les médias et débats politiques, les discours sexistes et virilistes sont plus visibles avec des « propos sexistes trop coutumiers, trop peu contrôlés et trop peu contredits ». Un phénomène qui n’est pas l’apanage de la France. En effet, les droits des femmes ont connu ces dernières années « un recul inédit dans le monde, de la Pologne à l’Iran, des États-Unis à l’Afghanistan, de la Hongrie à la Russie » selon le rapport. Le président américain Donald Trump, qui assume une tendance masculiniste exacerbée, violente et régressive, en est une illustration.
VOLONTÉ DE CHANGEMENTS
Pour autant, le procès fortement médiatisé des violeurs de Mazan, s’il est « perçu comme un procès “hors norme” d’un point de vue criminalistique », « montre la normalité glaçante de la violence masculine ». Il est « le moteur d’une réflexion collective du rôle des hommes dans la perpétuation des violences à l’égard des femmes et dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes ». 94% des Français·es considèrent que les hommes ont un rôle à jouer dans la prévention et la lutte contre le sexisme dans la société. Un processus long et complexe, car, selon Florian Vörös, sociologue interviewé par le HCE, « il demande de la réflexivité pédagogique afin de se positionner de manière compréhensive par rapport à des postures de déni des violences. Un travail fastidieux et ingrat qui est tantôt naturalisé comme un “travail de femmes”, tantôt dénigré comme “castrateur” et “rabat-joie” ».
Dans ce contexte, les attentes de la population française sont fortes. Les cours d’éducation à la vie affective et sexuelle sont perçus comme la mesure « la plus efficace contre le sexisme pour 7 Français sur 10 ». Un congé paternité obligatoire, allongé et concomitant au congé maternité est plébiscité par 71% des Français·es tout comme une action résolue pour plus de mixité et de parité dans le monde professionnel et la formation des jeunes. Le HCE appelle les pouvoirs publics à passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultats.