“Passer d’un statut d’étudiant à une posture d’enseignant”
Mis à jour le 24.11.25
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Formation initiale, ITV de Maira Mamède
MAÍRA MAMÈDE est maîtresse de conférence en sociologie de l’éducation.
OÙ EN EST LA MISE EN ŒUVRE DE LA RÉFORME DE LA FORMATION INITIALE ?
Les arrêtés étant publiés, les maquettes de formation pour la rentrée 2026 de la licence créée de professeur des écoles (LPE) au master Enseignement et éducation (M2E) sont en train de se construire, comme un continuum. Elles s’organiseront en quatre blocs dont un bloc important dédié à la didactique des disciplines, puis trois blocs transversaux qui enrichissent le développement professionnel à partir des travaux en sciences de l’éducation, sociologie, philosophie, psychologie.
Une crainte persiste quant à la possibilité de réorientation des étudiants en LPE qui décideraient de changer de voie. Par ailleurs, de nombreux futurs PE en reconversion professionnelle aux parcours variés et souvent éloignés de l’enseignement ne bénéficieront pas de cette formation longue.
PERMETTRA-T-ELLE DE CONSTRUIRE UNE POSTURE RÉFLEXIVE ?
Passer d’un statut d’étudiant à une posture d’enseignant peut être déstabilisant. C’est une responsabilité qu’il faut apprendre à porter progressivement pour mettre en œuvre des enseignements à même d’accompagner les élèves dans leurs apprentissages. Si la responsabilisation est trop rapide, les débutants peuvent éprouver des difficultés pour lesquelles ils trouveront des causes externes telles que les élèves ou les parents. Ces mécanismes défensifs les éloignent d’une posture réfl exive.
Ce processus peut être renforcé lorsque les enseignants se sentent peu soutenus. Un autre obstacle tient donc à la confrontation avec la réalité institutionnelle, avec beaucoup d’injonctions parfois contradictoires et peu de ressources à leur disposition pour apprendre et exercer le métier.
QUELLES AMÉLIORATIONS Y APPORTER ?
L’articulation entre le terrain et les apports universitaires s’avère cruciale. La réforme prévoit que des enseignants de terrain interviennent dans la formation. Des interrogations surviennent sur la mise en œuvre effective de cette mesure sachant que certaines académies, comme Créteil, sont déficitaires.
Des doutes persistent également quant à la place de la recherche dans la formation. Enfin, il faudra avoir une réflexion sur le parcours des stagiaires qui arriveront directement par le concours, sans avoir suivi la licence. Même s’ils bénéficieront aussi des deux années rémunérées, leur responsabilisation doit rester progressive en créant par exemple des modules spécifiques.