La transmission en partage
Mis à jour le 21.03.25
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Portrait de Florie Cristofoli Coulon, maîtresse formatrice
Florie Cristofoli Coulon, maîtresse formatrice, incite les stagiaires à penser la complexité du métier.
Directrice d’une école primaire dans la Sarthe, la richesse des échanges avec la jeune collègue qui complétait sa décharge a décidé Florie Cristofoli Coulon à devenir PEMF. « J’ai aimé cette relation de partage d’expérience de classe, mettre des mots sur le métier, permettant ainsi la prise de conscience de son action pédagogique ». En 2015, le CAFIPEMF* en poche, elle dédie un tiers de son temps de classe, à la formation de stagiaires. Cette fonction multitâche consiste à articuler les interventions à l’Inspé sur des sujets particuliers, avec des temps de recherche, l’accueil en classe, les visites in situ et les évaluations des stagiaires. Un investissement qui déborde sur son temps personnel.
Florie accueille notamment les étudiant·es en Master 1 pour des stages de découverte ou de pratique accompagnée dans sa classe de CE2/CM1 au sein d’une école qu’elle a choisie en REP+. Ceci afin de donner à voir des démarches pédagogiques auprès d’un public moins connivent avec la forme scolaire. « Ces temps d’observation permettent de décrypter les attitudes des élèves et les postures professionnelles », explique-t-elle, déplorant leur quasi disparition dans les autres parcours de formation. Le public qu’elle accompagne dans sa prise de fonction en classe est aussi multiple que ses missions : M2 alternants, PE stagiaires à mi-temps ou à plein temps.
« Ces visites sont suivies d’échanges qui se limitent trop souvent à lancer des pistes et proposer des outils, faute de temps. Alors je les complète par des propositions de travail autour de difficultés concrètes rencontrées par les stagiaires, en m’adaptant à leurs demandes et leurs urgences d’avoir une classe en responsabilité », précise-t-elle. La formatrice s’attache également à utiliser ces moments volés à un calendrier très chargé, pour approfondir la réflexion, construire une posture et une culture professionnelle.
PRENDRE LE TEMPS DU QUESTIONNEMENT
Les capacités d’analyses réflexives et la dimension conceptrice restent un enjeu principal pour Florie. Pas évident dans un contexte de réformes visant à transformer l’enseignement en un métier d’exécution et resserrant la liberté pédagogique ! « Amener les stagiaires à s’interroger sur le rapport au savoir des élèves, à réaliser les effets de leur pratique pédagogique sur eux » participe à transmettre aux futurs PE une vision émancipatrice de l’école.
« Il faut être conscient qu’on enseigne bien plus qu’un contenu, ajoute Florie, militante au GFEN**. Les démarches pédagogiques ne sont pas neutres, elles sous-tendent forcément les valeurs que l’on transmet. Nos choix d’enseignement sont politiques : les outils utilisés ont des effets sur le rapport au monde. » Quelle satisfaction pour elle de constater « la transformation du regard que les jeunes portent sur les élèves, leur métier, leur rapport à l’enseignement » !
La formatrice s’applique parfois à mettre entre parenthèses son rôle d’évaluatrice, qui peut biaiser sa relation avec les stagiaires, en leur « montrant que c’est un métier où on se trompe, comme dans la vie, que ça ne se passe pas tout le temps comme on avait prévu ». Elle apprécie quand elle parvient à « créer une relation de confiance qui permet aux stagiaires d’oser expérimenter. On est alors vraiment dans un moment de formation et de partage. »
*Certificat d’aptitude aux fonctions de professeur des écoles maître formateur
** Groupe français éducation nouvelle