Formation initiale : ce qui se dessine

Mis à jour le 12.12.18

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Comment transmettre et donner le goût du métier ?

Apprendre pour transmettre, donner le goût du métier et la passion de construire ses outils. C’est tout cela que la formation initiale doit apporter aux enseignants de demain. Ce n’est pas ce que prévoit le projet de Jean-Michel Blanquer.

Comme le soulignent depuis longtemps études et rapports, l’un des éléments clés de la réussite d’un système éducatif est la qualité de la formation de ses enseignants. L’amélioration qualitative de la formation initiale et continue constitue donc une condition indispensable pour la démocratisation du système éducatif et la réduction des inégalités. Cette qualité et cette professionnalité inscrites dans l’appel que le SNUipp-FSU a lancé au sortir de son Université d’automne ne semblent pas résonner jusqu’à la rue de Grenelle. Même si le projet du ministre sur la formation initiale n’est pas encore connu officiellement dans sa totalité, diverses audiences, rapports et projets de textes permettent d’en dégager les grandes lignes. 

formation initiale enseignants © Millerand / Naja

Sans engager la réflexion sur un dispositif global de formation, le projet du ministère est d’abord pensé pour économiser des moyens financiers et humains et vise à déprofessionnaliser les enseignants. La diminution du volume de la formation universitaire, le resserrement sur les fondamentaux et la dégradation du lien avec la recherche ne répondent pas à la nécessaire construction progressive d’un métier qui s’apprend et d’une identité professionnelle fondée sur les pratiques réflexives de personnels concepteurs de leurs enseignements. L’absence de mesures financières permettant aux étudiants d’aborder sereinement leurs études et la préparation des concours est l’une des causes de la crise de recrutement qui s’amplifie à l’Éducation nationale. À cela le ministre répond par une « préprofessionnalisation », c’est-à-dire qu’il vise à mettre des étudiants sous statut d’AED pour leur confier progressivement dès la L2 des missions d’enseignement en leur faisant perdre le statut protecteur de fonctionnaire stagiaire pendant la formation. Alors que le prérecrutement, réclamé par le SNUipp-FSU, doit permettre de démocratiser et sécuriser l’accès aux métiers de l’enseignement, ce projet de loi vise à créer un vivier de contractuels.

LES ESPÉ SOUS TUTELLE

Le projet de réforme transforme les Espé en Inspe, Instituts supérieurs du professorat et de l’éducation et les soumet à une gouvernance ministérielle, incluant la nomination des directeurs. Le cadre national légal et réglementaire de la formation des enseignants n’est toujours pas garanti et les missions des actuels formateurs de l’Espé au sein de la formation initiale sont remises en cause. La réforme territoriale avec ses treize académies risque d’affecter l’organisation générale de la formation. Pour la FSU, le futur statut de ces établissements doit garantir leur autonomie scientifique, pédagogique et financière. Le SNUipp et la FSU portent un projet plus ambitieux pour la formation et lancent dès maintenant une campagne nationale d’information et de mobilisations, et soutient celles en cours. 

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