Suède : l'école à la corbeille
Mis à jour le 22.11.16
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L'introduction en bourse d'une entreprise suédoise qui gère des établissements scolaire suscite la polémique.
Après avoir provoqué ces dernières années une chute du pays dans les évaluations PISA, la réforme du système scolaire engagée en 1992 connaît de surprenants prolongements sur les… marchés financiers. En effets, depuis juin, AcadeMedia, la plus grande entreprise nordique dans le domaine éducatif est cotée en bourse. La réorganisation du système scolaire entreprise en 1992 n'y est certainement pas étrangère, permettant au secteur privé de s'imposer dans ce qui apparaît aujourd'hui comme un véritable marché. La scolarisation est financée par un système de chèque-éducation fourni aux familles pour payer la scolarité de leurs enfants aussi bien dans les écoles publiques que privées, ces dernières scolarisant 18 % des élèves suédois. Si le « libre choix » des parents est largement soutenu en Suède, cette introduction en bourse rencontre de nombreuses oppositions.
Les élèves ou les actionnaires ?
Certains craignent en effet que la pression pour dégager des profits n'augmente, sans pour autant que cela bénéficie aux élèves. En effet, les sociétés anonymes qui gèrent les trois quarts de ces écoles, financées par le contribuable, peuvent utiliser leurs gains comme bon leur semble, réinvestir dans leurs établissements, financer leur développement à l'étranger ou les distribuer à leurs actionnaires. Le gouvernement a annoncé qu'il pourrait prendre des mesures devant la tendance de ces écoles à recruter moins d'élèves à besoins particuliers et à réduire le nombre d'enseignants. D'autant que cette décentralisation qui renforce la concurrence entre établissements et la ségrégation sociale à l'école s'est traduite par une nette aggravation des inégalités scolaires.