Le redoublement facilité par un décret

Mis à jour le 30.11.17

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Inefficace et discriminant, le redoublement avait fortement baissé depuis la loi d'orientation de 2013 qui ne le prévoyait qu'en cas de "ruptures importantes dans les apprentissages scolaires". Un nouveau décret le permet dès le constat de "difficultés importantes".

Redoublement, le retour ? S'il existait encore dans les classes, il ne devait être proposé qu'à titre exceptionnel depuis la loi d'orientation de 2013 et son taux avait fortement baissé. Proposé par le conseil des maîtres en cas de "ruptures importantes dans les apprentissages scolaires", il pouvait être refusé par les familles. Un nouveau décret présenté ce 29 novembre en commission spécialisée sera discuté au Conseil supérieur de l'éducation le 14 décembre, dans le but d'en assouplir les modalités. Si pour le premier degré, cela ne modifie pas les choses en profondeur mais envoie un signal fort en direction des familles et des équipes et pourrait faire repartir à la hausse les maintiens.

En effet, après "un dialogue préalable avec les représentants légaux de l’élève" et l'avis de l'IEN, le conseil des maîtres pourra proposer un redoublement "dans le cas où le dispositif d'accompagnement pédagogique mis en place n'a pas permis de pallier les difficultés importantes d'apprentissage rencontrées par l'élève". Les familles peuvent toujours opposer un recours en commission départementale d'appel. Un seul maintien sera possible en élémentaire et aucun en maternelle.

Inefficace

Une fois de plus le ministre surfe sur une partie de l'opinion publique avec des déclarations du type : "Il y a quelque chose d'absurde à laisser passer de classe en classe des élèves accumulant les retards". Sur le terrain, les équipes enseignantes savent combien les dispositifs pédagogiques, aidés de moyens supplémentaires tels que le Rased et le Plus de maîtres, peuvent apporter des réponses à la difficulté scolaire, bien plus que le redoublement qui ne traite pas les causes de ces difficultés. De plus, les études internationales ont fait la preuve de son inefficacité sur les progrès des élèves et de son impact psychologique négatif, comme le rappelle le Cnesco dès 2015 : "Le redoublement n'a au mieux pas d'effet et peut même s'avérer nocif pour la réussite scolaire des élèves et pour le développement de leur estime de soi." Il contribue également à creuser les inégalités puisqu'il touche majoritairement les élèves de milieux défavorisés. En France son taux reste l'un des plus élevés d'Europe : 22% des élèves ont redoublé au moins une fois avant l'âge de 15 ans, soit le double de la moyenne des pays développés, selon la dernière enquête PISA de 2015.