L’école privée ne fait pas de miracles

Mis à jour le 20.06.18

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Quatre chercheurs publient une étude montrant que les élèves des écoles privées ne réussissent pas mieux que ceux du public.

« Dans le privé, c’est plus sérieux. Il y a des meilleurs profs, les élèves progressent et réussissent mieux. » Qui n’a entendu ce genre de sentence définitive entre la poire et le fromage d’un repas de famille ?
Seulement voilà. Une récente étude conduite par quatre chercheurs* vient infliger un sérieux démenti à ces vérités révélées. Les universitaires se sont penchés sur les résultats aux tests de français et de mathématiques de plusieurs milliers d’élèves entre le CP et le CE2, scolarisés dans le public et le privé. A l’entrée au CP, ceux du privé obtiennent un score global de bonnes réponses de 74%, contre 71,3 pour ceux du public, soit un écart de 2,3%. Alléluia ? Pas vraiment. Au CE2, les écarts sont respectivement de 2,4% en français et de 1,2% en maths.
Première conclusion tirée par les auteurs : ces résultats « contredisent certaines idées préconçues (…) selon lesquelles le secteur privé serait favorable aux élèves ayant des difficultés scolaires ou issus de milieux sociaux modestes ou défavorisés. » Par ailleurs, l’écart de départ en faveur du privé « disparait si on tient compte du niveau scolaire et social en moyenne plus élevé des élèves scolarisés dans le privé. »

Le facteur X

Car tout est là. « 36% des élèves entrés au CP en 2011 dans une école privée ont un père de milieu social très favorisé contre 17% des élèves du public ». Il y a deux fois plus d’enfants dont la mère est sans diplôme dans le public que dans le privé où en revanche, plus de 50% a le baccalauréat, contre 39 dans le public. Il y a par ailleurs 9,1% d’enfants ayant au moins un parent immigré dans le privé contre 19,4% dans le public et 5,7% sont issus d’une famille monoparentale dans le privé contre 10,2 dans le public.
Et une fois neutralisées ces variables sociologiques, qui signent aussi une proximité plus ou moins grande aux codes de l’école, l’étude montre que les résultats des uns ne s’écartent pas de ceux des autres.
Conclusion, le privé ne propose pas un meilleur enseignement que le public, il ne fait pas mieux progresser les élèves en difficulté et ses élèves auraient eu les mêmes résultats dans le public. De quoi interroger son financement par l’État, financement qui risque encore de s'accroître avec l’obligation scolaire ramenée à 3 ans.

*Qui choisit l’école privée, et pour quels résultats scolaires ? Denis Fougère CNRS, Olivier Monso MEN-DEPP, Audray Rain Paris 2, Maxime Tô University Collège of London

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