Formation initiale : contre le passage en force !

Mis à jour le 28.06.24

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Ce jeudi 27 juin, un CSAMEN (comité social d’administration ministériel) était convoqué  pour examiner de nouveau le texte statutaire concernant la formation des enseignant·es . Ce rendez-vous faisait suite au boycott par la FSU de celui du 11 juin. Alors que le ministère a présenté des amendements  de dernière minute, le refus d’accorder du temps pour les étudier a entraîné le départ de la FSU.

Des changements significatifs et soudains

Le ministère a en effet introduit en séance des amendements substantiels qui modifient profondément le cadre statutaire et la formation des personnels concernés. Désormais, le ou la lauréat·e du concours deviendra en Master 1 élève fonctionnaire, bénéficiant d'une rémunération équivalente à l'indice minimal de la Fonction publique, soit 1400 euros nets. Si cette modification interroge à quelques jours d’élections majeures, cette avancée positive est le résultat de la pression continue exercée par la FSU, dont le boycott du précédent CSAMEN a été un élément clé. Depuis le début des discussions, la FSU-SNUipp porte un mandat d’une formation en Master rémunérée.

Cependant, malgré cette victoire partielle, de nombreuses questions essentielles et statutaires demeurent sans réponse. Face à des modifications importantes et complexes du projet de texte, la FSU a demandé un délai et un vrai groupe de travail pour les étudier sérieusement. Ce délai a été refusé. Devant le refus du ministère d'accorder ce temps de réflexion, elle a décidé de quitter l’instance.

Une réforme qui pose des problèmes statutaires

Le nouveau texte présenté le 27 juin révèle de nouvelles questions. Si certaines modifications répondent à des aberrations statutaires que la FSU avait soulevées, le texte est encore loin de régler tous les problèmes de cette réforme et en pose même de nouveaux.
Le statut d’élève fonctionnaire n’est pas clairement défini dans le décret et peut correspondre à des réalités différentes : il n’est pas spécifié si cette année de M1 sera comptabilisée dans les droits à pension. Les responsabilités en termes de nomination passent du Recteur au Dasen et la gestion départementale peut sous-entendre qu’elle sera plus arbitraire (pas de référence à un jury académique). Par ailleurs, l’engagement à servir l’état est maintenu : les lauréats devront donc s’engager 4 ans après le Master sous peine de remboursement de leurs années rémunérées, une situation inédite dans la Fonction publique dès lors que l’on est stagiaire. Enfin, la FSU-SNUipp a toujours dénoncé le mi-temps en responsabilité en deuxième année de M2.

Une réforme emblématique du déni de dialogue social

Depuis le lancement de cette réforme en novembre par Gabriel Attal, le ministère n’a pas fait le choix de la concertation et du dialogue social. Après quelques réunions fin 2023, il a mis fin aux discussions jusqu’en avril où des documents ont alors fuités sur les RS annonçant les détails du projet. Des groupes de travail se sont ensuite enchaînés sans documents de travail préalables et sans réelles réponses aux questions de la FSU. 

Cette réforme qui se veut « structurante » comme l’a affirmé la ministre de l’Éducation Nationale, va de fait détruire une partie de la formation initiale. Elle va créer de nouvelles conditions d’accès aux concours discriminantes puisque les épreuves d’admissibilité seront dérogatoires pour les détenteurs et détentrices de la licence « Professorat des écoles ». Par ailleurs, le volume de formation de cette licence et les modules complémentaires de préparation ne suffiront pas à donner aux futurs PE les bases d’un métier exigeant.
En 15 ans, l’éducation nationale a vu se succéder quatre réformes de la formation initiale. Si la dernière n’était absolument pas satisfaisante, il était plus que nécessaire de prendre le temps du bilan puis de la concertation avec l’ensemble des organisations syndicales du ministère de l’éducation nationale mais également de l’enseignement supérieur.

Une exigence de retrait et une ambition renouvelée

La FSU maintient sa position de demande de retrait de cette réforme. Elle est inapplicable à la rentrée 2024 et certaines universités ont d’ailleurs déclaré qu’elles ne pourraient la mettre en œuvre. Elle mettra en difficultés les formateurs, les formatrices et les enseignant·es des INSPE et reste très floue pour les étudiant·es.
Le syndicat porte une vision ambitieuse et radicalement différente pour l'avenir du service public d'éducation, une réforme qui doit être décisive pour répondre aux défis actuels et futurs du secteur.

La mobilisation et la vigilance restent de mise pour les semaines à venir, la FSU appelant tous les personnels concernés à rester unis et déterminés dans la défense de leurs droits et de l'avenir de leur profession.