DROM : un cri d’alarme

Mis à jour le 15.09.23

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Depuis plusieurs années, la FSU-SNUipp alerte les gouvernements successifs sur l’état préoccupant du système éducatif dans les départements et régions d’Outre-mer. 

Avec sa campagne École en sous France, elle  montre la réalité de l’état du service public d’éducation dans les Drom, porte des revendications concrètes pour ces territoires oubliés et exige l’égalité républicaine due à tous les élèves du territoire français.

Inégalités territoriales

Malgré les multiples sollicitations de la FSU-SNUipp auprès du ministère de l’Education nationale et de l’Outre mer, la situation des écoles dans les Drom est dramatique, conséquence d’une profonde crise socio-économique. 

 Les inégalités y sont plus marquées que sur le reste du territoire national avec des écarts forts et persistants : PIB, taux de chômage, taux de pauvreté, cherté de la vie... Dans ce contexte, les familles sont par exemple contraintes d’acheter les fournitures scolaires, les collectivités n’ayant pas les moyens de fournir le matériel nécessaire.

Le gouvernement doit donner les moyens aux collectivités de ces départements de prendre en charge le matériel scolaire pour les élèves du premier degré.

Non scolarisation et échec scolaire

Une fois encore en cette rentrée, la défenseure des droits s’est indignée du nombre d’élèves non scolarisés dans ces territoires. Elle a estimé qu’il y aurait près de 15 000 mineur·es non scolarisé·es à Mayotte et en Guyane. La loi de 2019 sur la scolarisation obligatoire à trois ans n’a pas permis de favoriser cette scolarisation.

Le taux d’échec scolaire est plus marqué dans les Drom que dans l’Hexagone. Les taux de difficultés de lecture au test lecture de la journée défense et citoyenneté en 2022 sont très importants : 51,8% en Guyane, 55,7% à Mayotte alors que la moyenne nationale est de 11,2%.

La lutte contre l’illettrisme doit être une priorité du ministère de l’Éducation Nationale et les résultats aux dernières évaluations nationales dans ces départements prouvent à quel point la prise de conscience est urgente.

Un manque de moyens criant

Le dispositif des classes dédoublées n’est pas respecté dans les DROM faute de locaux suffisants. Les classes de grandes sections et de CPE et CE1 , qui devraient être dédoublées, sont le plus souvent avec des effectifs élevés (plus de 28 élèves) et généralement en co-intervention.

Le manque de moyens est criant : effectifs dans les classes, manque d’enseignant·es spécialisé·es dans les RASED, mais également délabrement du bâti scolaire, fracture numérique, atteintes à la santé des élèves... Auxquels s’ajoutent s’ajoutent des problèmes de recrutement. Aux concours de professeurs des écoles cette année, 160 postes n’ont pas été pourvus en Guyane.

Le ministère doit classer toutes les académies des DROM en REP+ et créer des postes, y compris spécialisés, tenant compte de la spécificité du public scolaire accueilli.

Bâti scolaire en souffrance

Aux inégalités et retards s’ajoute un déficit de salles de classe qui ne permet pas de scolariser tous les enfants en âge scolaire. A Mayotte, parmi les 188 écoles présentes sur le territoire, très peu ont reçu l’avis favorable de la commission d’hygiène et de sécurité. 

En conséquence, des sur-effectifs dans les classes et une organisation forcée de “rotations” : plusieurs classes se succèdent dans la journée au sein des mêmes locaux. Et des classes itinérantes se mettent en place proposant quelques heures pour quelques enfants : du bricolage…

Des atteintes à la santé et à la sécurité

Les écoles sont dans des états déplorables et indignes d’une école de la République : hygiène et sécurité non assurées, insalubrité, normes sismiques non respectées…
Cette situation est malheureusement devenue une norme.

Moustiques, infestations de rats, fientes de chauve-souris, mobilier et structure des classes envahies par les termites avec un risque d’effondrement, plancher en mauvais état, problèmes de réseau électrique, inondation dans les écoles, eau impropre à la consommation ou des coupures d’eaux, champignons, fortes chaleurs, sargasses (algues)… mais toujours pas de véritable programme de construction ou de rénovation prévu à ce jour.

L’État doit mettre en place un plan pluriannuel pour la construction, la rénovation et l’équipement des écoles des DROM. Il permettrait de garantir l’accueil de tous les élèves dans de bonnes conditions dès 3 ans et de baisser les effectifs dans les classes. La santé des élèves et des personnels doit être une priorité. L’État et les collectivités doivent s’engager à réaliser les aménagements nécessaires pour garantir les normes d’hygiène et la sécurité dans toutes les écoles.