Débat dans les écoles : un futur alarmant
Mis à jour le 07.10.22
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Le président de la République lance la généralisation de l’expérimentation marseillaise avec la mise en place de “grands débats”. Cette “école du futur” est inquiétante parce ce qu’elle porte en elle la mise en concurrence entre les écoles, loin du nécessaire financement équitable et transparent.
Emmanuel Macron décide de décliner le conseil national de la refondation par la mise en place des débats dans les écoles, afin de mener « une politique au plus près des territoires ». Il s’agit de : « de permettre à l’ensemble de notre société de se réapproprier ce « bien commun » qu’est l’école et de faire émerger, au niveau local, des initiatives de nature à améliorer la réussite et le bien-être des élèves, et à réduire les inégalités ». Donc après le Grenelle l’année dernière, place cette année aux débats dans les écoles.
Une démarche d’appels à projets
Trois phases sont mises en œuvre dans cette démarche : la première pour établir le diagnostic de l’école, la deuxième pour questionner le projet d’école, la troisième pour en extraire un projet innovant qui sera soumis au jury pour obtenir ou non un financement. Si la mise en place de ces débats pourra se faire uniquement sur la base du volontariat, le SNUipp-FSU sera vigilant pour qu’aucune équipe ne se fasse imposer la mise en place d’un débat.
Les équipes pourront également se contenter de la phase de concertation sans pour autant aller jusqu’à la demande de financement. Les PE décompteront 12 heures du temps de de concertation alors que le second degré pourra faire vaquer les élèves sur deux journées banalisées. Cette différence de traitement montre une fois de plus que l’institution ne prend pas la mesure de la charge de travail dans le premier degré.
Une généralisation de l’expérimentation marseillaise
Ces débats c’est la généralisation de l’expérimentation marseillaise, c’est « l’école du futur » partout sur le territoire. Sous couvert de discussions entre tous les acteurs (collectivités, parents, société civile et enseignant·es), c’est une école à plusieurs vitesses qui se dessine : des moyens seront donnés selon les projets écrits retenus et non en fonction de la réalité objective des écoles et des besoins des élèves . Déjà dans la presse locale on peut voir la mise en avant de projets déjà bien définis alors que la concertation n’a pas commencé. Alors que toutes les écoles ont des projets, que chacun et chacune innove tous les jours dans sa classe pour faire progresser tous ses élèves, il s’agit encore une fois d’une vitrine qui ne reflète en rien la réalité du terrain.
Cette année, 150 millions seront alloués pour ces appels à projet, ce qui ne permettra pas à toutes les écoles d’être dotées.
Autonomie des écoles vs liberté pédagogique
Le président Macron rappelle à l’envi sa volonté de plus de liberté sur le terrain, moins d’injonctions venant d’en haut et une certaine autonomie des écoles mais cette autonomie où chaque école définirait ses objectifs voire choisirait ses enseignants en fonction du projet de l’école n’a rien à voir avec la liberté pédagogique. La liberté pédagogique s’exerce dans le cadre des programmes qui s’appliquent partout sur le territoire et garantissent l’égalité de traitement de tous les élèves. L’autonomie ne pourra que favoriser certaines écoles par rapport à d’autres et accroître toujours plus les inégalités scolaires.
On ne peut que s’alarmer d’une concertation élargie qui déboucherait sur l’écriture de projets pédagogiques. Si l’école n’appartient pas qu’aux personnels enseignants, la question pédagogique ne relève que de leur seule expertise. L’ingérence pédagogique de la collectivité, des parents ou encore de la société civile est donc inquiétante pour l’école et la profession.
Le SNUipp-FSU défend une école radicalement différente : un service public d’éducation avec une attribution équitable et transparente des moyens nécessaires à la réussite de tous les élèves, dans tous les territoires.