CP à douze, une enquête du SNUipp-FSU
Mis à jour le 25.06.18
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Satisfaction des effectifs abaissés mais limites du dispositif, des centaines d'enseignantes et enseignants de CP dédoublés ont répondu aux questions du SNUipp-FSU dans tous les départements comptant des Rep+.
1338 réponses sur 3852 CP dédoublés en REP +, l’enquête menée d’avril à mai par le SNUipp-FSU pour mesurer les premiers effets du « CP à 12 » s’appuie sur un échantillon représentatif. Ses résultats apportent un premier éclairage à la fois sur les conditions dans lesquelles s’est mise en place la « mesure-phare » de Jean-Michel Blanquer et sur les effets de celle-ci sur les pratiques enseignantes et les apprentissages.
Dès la rentrée 2017, les classes de CP sont dédoublées dans les REP +. Non sans mal et sans dégâts collatéraux :72 % des dispositifs "Plus de maîtres", pourtant largement validés par les enseignants et de nombreux chercheurs, font les frais de l’opération au mépris des personnels en poste et du travail collectif initié par les équipes. 34 % des écoles sont confrontées à des problèmes de locaux et 44 % des enseignants déclarent que des salles ont été supprimées (BCD, RASED, informatique, arts visuels…) Ces contraintes, qui ne feront qu’augmenter l’an prochain, ont des effets sur l’organisation du dédoublement, imposée pour 37 % des équipes soit par la hiérarchie, soit par la configuration des locaux. Ainsi 18 % des classes se voient obligées de fonctionner avec deux enseignants dans une même classe.
Un pilotage surplombant
Renforcement des prescriptions, sentiment de dépossession professionnelle, tels sont les principaux reproches exprimés par les enseignants consultés. 53 % d’entre eux sont la cible de recommandations, 23 % d’injonctions de la part de la hiérarchie concernant le choix des manuels, les contenus d’apprentissage, la mise en place d’évaluations standardisées. 53 % aussi se déclarent stressés par l’objectif affiché du 100 % de réussite. Côté formation, si elle est au rendez-vous pour 69 % des enseignants, elle est imposée dans 93 % des cas indépendamment des besoins qu’ils expriment et de ce fait se révèle inappropriée pour 35 % d’entre eux. Ce pilotage surplombant aboutit logiquement au recentrage sur les fondamentaux martelé rue de Grenelle. La lecture à 76 % et les maths à 42 % sont les deux enseignements privilégiés alors qu’entre autres les langues vivantes (38 %), l’EMC (31 %), la musique et les arts visuels (29 %) sont minimisés.