“Repenser la pratique sportive”

Mis à jour le 18.11.25

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Maxime Travert

QUELLES SONT LES PRATIQUES SPORTIVES DES ÉLÈVES ?

Les différentes enquêtes que nous avons menées montrent une baisse continue de la pratique sportive des jeunes. Il existe deux grands univers de pratiques sportives, hormis la pratique sportive à l'école. La première se situe dans un club sportif. Elle est considérée comme traditionnelle et souvent organisée autour d’une logique de compétition. La seconde est une pratique souvent ignorée, qualifiée de « non instituée ». Elle se déroule dans des espaces confidentiels comme la cité, la maison, des espaces aménagés comme un parc, un skatepark ou dans le cadre de manifestations organisées.

Ces activités se caractérisent par l’auto-détermination et l’auto-organisation. L'individu choisit les raisons pour lesquelles il pratique un sport. Il peut s’inscrire dans une logique compétitive en se comparant aux autres, dans une logique de la performance en cherchant à repousser ses limites ou bien dans une logique de mise à l’épreuve où le jeune décide de surmonter un obstacle. Ces pratiques privées échappent trop souvent au regard des politiques publiques et éducatives.

QUELLES SONT LES RAISONS DE LA DIMINUTION DE LA PARTICIPATION SPORTIVE ?

Les raisons sont multiples : la famille, les amis, son propre corps, le sport lui-même et l’école. Suivant le moment où le jeune arrête de pratiquer, une de ces raisons est dominante mais cela ne veut pas dire que les autres ne sont pas présentes. Au primaire, les enfants abandonnent principalement suite à une décision des parents. Les raisons sont diverses, mobilité de la famille, déménagement, manque de disponibilité pour les trajets, contrôle familial, peur des blessures, mais les principales invoquées sont la priorité donnée à la scolarité. Parfois l'abandon est une punition suite à de mauvais résultats scolaires.

Pourtant, les travaux de la recherche montrent qu’un enfant sportif a plus de chance d'avoir de meilleurs résultats scolaires qu'un enfant qui ne l'est pas. Mais c’est au collège que se manifeste le plus le décrochage. La pratique du sport en est principalement à l’origine. Les jeunes considèrent que le climat n’est pas attractif, que la forme sportive ne leur renvoie pas une image positive et que la culture sportive, faite de répétitions, d'efforts, de cadres, de normes, d'apprentissages sérieux, est repoussante. Au lycée, c’est l’impossibilité pour les élèves de concilier sport et études.

“Les APQ ne créent pas une installation dans le temps et dans la durée de l’activité physique”

LES ACTIVITÉS PHYSIQUES QUOTIDIENNES (APQ) FAVORISENT-ELLES LE MAINTIEN DANS LES ACTIVITÉS SPORTIVES ?

L'activité physique quotidienne est sous-tendue par un objectif sanitaire : faire pratiquer aux élèves des activités physiques pour combattre la sédentarité et ses conséquences comme encore, les travaux de la recherche sont très clairs et montrent que lorsque des enfants pratiquent une activité physique ayant pour motif l’amélioration de la condition physique, ils sont les premiers à abandonner cette activité physique.

Les APQ ne créent pas une installation dans le temps et dans la durée de l’activité physique. Elles ne font pas sens pour des enfants qui se considèrent en bonne santé et ne comprennent pas le lien qui peut exister entre pratique physique et santé. Cette logique politique, autoritaire, fondée sur le fait qu'il suffirait de faire bouger les élèves pour qu'ensuite ils deviennent sportifs ne fonctionne pas. Elle se révèle même contre-productive en renforçant les raisons du décrochage.

EN QUOI L'EPS PARTICIPE-T-ELLE À LUTTER CONTRE LE DÉCROCHAGE SPORTIF ?

Il convient de repenser dans le primaire, et bien évidemment dans le secondaire, la façon dont est abordée la pratique sportive avec les élèves, qui ne peut pas se résumer à une approche sanitaire. L’EPS est une discipline qui permet la rencontre entre un corps et une culture sportive ouverte et inclusive qui propose à l’élève de vivre différentes formes d'expériences variées : une épreuve, une performance, de la compétition. Celles-ci doivent se dérouler dans un climat de confiance, renvoyer une image positive de l’élève et surtout donner du sens à l’effort.

L’EPS permet, en transmettant des savoirs, des savoir-faire, des savoir-être et des savoir-devenir en lien avec la culture sportive, d’éduquer des sportives et sportifs éclairés, cultivés, capables, à terme, de prendre en charge la gestion de leurs propres engagements sportifs, en club ou en dehors, et ainsi en tirer tous les bénéfices.