Maternelle : les moins de trois ans

Mis à jour le 22.10.22

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FsC 485 spécial maternelle : Pascale Garnier, sociologue et professeur en sciences de l'éducation, nous parle des particularités des dispositifs pour les moins de 3 ans et des conditions indispensables pour que leur scolarisation participe à la réduction des inégalités scolaires.

Pascale Garnier est docteur en sociologie, professeur en sciences de l'éducation à l'Université Paris 13, co-directrice du laboratoire de recherche

 Pascale Garnier©Mira-NAJA

Quelles sont les particularités des dispositifs spécifiques pour les moins de trois ans en éducation prioritaire ?

Moins de 10% des enfants de moins de 3 ans sont scolarisés et selon une étude de 2014, seulement 11% d’entre eux l’étaient dans des
classes de TPS spécifiques. La plupart du temps, les 2 ans sont mélangés avec des PS où ils sont minoritaires. Le dispositif le plus adapté, selon moi, c’est la classe passerelle, très peu développée en France. Ce dispositif, destiné aux seuls enfants de moins de 3 ans en milieux défavorisés, fait travailler ensemble un trio de professionnels avec des compétences spécifiques : Atsem, PE et EJE* et un ratio adultes/ enfants (A/E) qui se rapproche de celui de la crèche. Il permet un travail avec les parents et une scolarisation qui se
construit sur toute l’année avec une transition très douce dès la rentrée. Les nouvelles cités éducatives, qui ont vocation à accompagner les enfants de 0 à 20 ans devraient construire davantage de dispositifs passerelles, d’autant qu’elles sont confrontées à un profond déficit d’accueil en dehors de la famille.

À quelles conditions la scolarisation des moins de 3 ans participe-t-elle à la réduction des inégalités scolaires ?

La scolarité précoce n’a pas d’effets automatiques. Telle qu’elle est mise en place la plupart du temps elle ne participe  forcément à la réduction des inégalités comme l'a montré Heim en 2018. Pour la favoriser la question des conditions est primordiale. Une scolarisation avec un ratio A/E convenable parce que la priorité c’est vraiment le langage, verbal et non verbal, directement adressé à l’enfant, plutôt qu’à un groupe classe. Mais aussi une continuité des adultes référents. Et des locaux qui permettent beaucoup de mouvements car tout se construit sur toute l’année. Pour réduire les inégalités, la classe passerelle est le dispositif plus approprié car c’est un projet spécifique de transition avec les parents. La Charte nationale pour l’accueil des jeunes enfants (arrêté de 2021) serait  une source intéressante pour l’Éducation nationale. Pour finir, travailler avec des tout petits demande une formation spécifique dont le déficit a été relevé en 2018 dans un rapport du Défenseur des droits.
* éducatrice de jeunes enfants