Les écoles vitaminées à l'EPS

Mis à jour le 23.06.22

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Claire Pontais est agrégée d’EPS et ancienne formatrice à l’INSPE de Caen. Elle revient sur les dynamiques à l’œuvre dans les écoles "vitaminées à l'EPS" dans lesquelles les PE enseignent l’EPS eux-mêmes à hauteur des horaires prévus par les programmes (3 heures par semaine / 108 heures par année).

La pression des maths et du français pèse-t-elle sur l’enseignement de l’EPS ?

Oui, bien sûr, elle pèse sur toutes les disciplines. Les « écoles vitaminées à l’EPS » de notre enquête réussissent tout de même à faire  deux séances d’EPS par semaine en élémentaire et une séance par jour en maternelle. Leur caractéristique est qu’elles ont toutes des équipements au sein de l’école ou très proches de l’école. Tout déplacement diminue le nombre de séances d’EPS. Cependant, même « vitaminées », aucune n’atteint l’horaire officiel des 3 heures chaque semaine. Tout simplement parce que cet horaire ne tient pas compte des recréations, ni des temps de transition pourtant indispensables aux apprentissages liés à la vie de la classe. Conséquence : les enseignantes et enseignants courent sans cesse après le temps. C’est grâce aux rencontres sportives sur le temps scolaire que ces écoles atteignent l’horaire officiel des 3 heures de manière annualisée. Dans ce contexte, rajouter « Bouger 30 minutes par jour » en plus de l’EPS n’a aucun sens. L’enjeu est au contraire d’aider à mettre en œuvre des séances d’EPS le plus souvent possible et à finaliser les modules d’apprentissages par des rencontres.

Le travail en équipe est-il un point d’appui ?

Oui, dans plus de 50% des « écoles vitaminées » de l’enquête, les équipes ont choisi d’avoir une personne-ressource en EPS, souvent un ou une enseignante plus sportive ou ex-STAPS. De même, dans ces écoles, des collègues travaillent en co-intervention. Deux classes vont en même temps au gymnase, ou trois classes ensemble sur le stade, ce qui est à la fois rassurant, facilitant et source de plaisir partagé. Le travail en équipe permet également de mieux résister collectivement aux injonctions, ce qui n’est pas négligeable dans le contexte actuel !

Ces équipes enseignantes sont-elles très sportives ?

On avait fait cette hypothèse, mais ce n’est pas le cas. Dans 63 % des écoles, seulement la moitié de l’équipe est sportive. C’est important, mais pas suffisant pour expliquer la vitalité de l’EPS dans une école. La question des équipements, la conscience des enjeux, le travail en équipe, les rencontres et la formation sont plus déterminants. Ce qui est également intéressant, c’est que la moitié de ces écoles n’ont pas l’impression d’être « vitaminées ». Les collègues disent « on fait simplement notre travail ».