La ligue s'oppose à l'extrême droite
Mis à jour le 28.11.24
min de lecture
Comme une vague qui frappe tous les continents, l’extrême droite nationaliste inonde à flots rapides les pays de l’Union européenne. Yannick Hervé, de la Ligue de l’enseignement, reconnaît que « nos actions de prévention, d’éducation et nos mobilisations en réaction aux élections depuis 2002 ne suffisent plus » . Il en appelle à des initiatives concrètes et rassembleuses, comme le fait Visa, regroupement de syndicats dont fait partie la FSU.
Yannick Hervé est président de la Ligue de l’enseignement en charge des valeurs de la République et de la lutte contre l’extrême droite.
“La Ligue en opposition frontale”
QUELLES VALEURS PORTE LA LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT ?
La Ligue est née en 1866 avec l’objectif de contribuer à faire des citoyens des électeurs avertis. Elle a alors milité pour une instruction gratuite, obligatoire et laïque et pour une éducation populaire, instruments de formation à une citoyenneté consciente et active. La Ligue, apartisane mais pas apolitique, est depuis toujours en opposition frontale avec l’extrême droite. Elle a d’ailleurs été dissoute en 1942 sous le régime de Vichy. La solidarité, l’émancipation des citoyens et la laïcité, valeurs défendues au quotidien par ses différents acteurs, sont aux antipodes du projet de société de l’extrême droite. En premier lieu la laïcité qui devient, entre ses mains, un instrument d’exclusion, en particulier de nos concitoyens de confession musulmane réelle ou supposée.
COMMENT POURSUIVRE LA DÉFENSE DE CES VALEURS DANS LE CONTEXTE POLITIQUE ACTUEL ?
Aujourd’hui, grâce à ses 21 000 associations, la Ligue développe des activités éducatives, sociales, culturelles et sportives sur tout le territoire. Elle développe la pensée critique au sein et à côté de l’école à travers de multiples actions. La prévention de toute forme de discrimination -racisme, antisémitisme, inégalité femme/homme-, des comportements sexistes et des violences sexuelles, la formation des délégués de classe, la prévention du complotisme, l’éducation aux mé-dias et à la transition écologique..., autant de sujets à mille lieues de ceux portés par l’extrême droite. Les associations sportives avec l’USEP y contribuent elles aussi par des pratiques qui développent la mixité, l’inclusion et l’esprit de coopération plutôt que de compétition.
“Poursuivre les actions menées, les intensifier mais surtout initier un projet beaucoup plus offensif”
QUEL EST LE BILAN DE VOS ACTIONS ?
Les idées d’extrême droite ont progressé, mais de manière contradictoire. Le vote pour ces partis augmente considérablement, mais dans un même temps les idées de tolérance dans notre société aussi. On assiste moins à une extrême droitisation de la société qu’à celle de la sphère médiatique et politique. Nos actions de prévention, d'éducation et nos mobilisations en réaction aux élections depuis 2002 ne suffisent plus. Nous devons poursuivre les actions menées, les intensifier mais surtout initier un projet beaucoup plus offensif. La Ligue travaille actuellement à rassembler un collectif large composé d’organisations associatives et syndicales -dont la FSU- pour mener une bataille culturelle contre les idées d’extrême droite. Des associations habituellement à l’écart de cette lutte, mais qui ont pris conscience de l’urgence lors des dernières législatives, nous ont rejoints. Cette obligation collective d’innover se concrétise par l’organisation d’événements autour de la fraternité : semaines « Pour la République », « Pour la diversité », « Pour... », concerts, soirées débats, rencontres sportives, manifestations culturelles, campagnes sur les réseaux sociaux. La formation d’acteurs locaux amenés à déconstruire au quotidien les discours de l’extrême droite est à développer. Les premières initiatives devraient voir le jour dès 2025.
COMMENT MOBILISER LA JEUNESSE ?
Dans son plan d’actions « Pour l’émancipation par la démocratie » élaboré en 2023, la Ligue s’engage à amplifier les actions d’éducation à la citoyenneté dans et hors l’école. Elle y réaffirme son refus d’une « école du tri » et sa volonté de multiplier les lieux d’échanges, d’écoute et de formation à l’esprit critique avec les jeunesses, particulièrement dans les territoires où se concentrent les victimes d’inégalités économiques et sociales. Elle met à disposition des outils sur son site internet, notamment une série de podcasts « Li-gué.es contre l’extrême-droite ». Les coordinations comme le Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire très engagé contre l’extrême droite, proposent également, parmi de nombreuses ressources, un argumentaire pour combattre les stratégies de communication et de désinformation.