L'USEP, un atout pour l'EPS
Mis à jour le 27.11.22
min de lecture
"Bien distinguer les APQ afin de préserver les temps d'EPS" : Véronique Moreira s'interroge sur le devenir de l'EPS au moment où le gouvernement promeut les APQ. Quelle place et quel rôle pour l'USEP face à l'empilement des dispositifs ?
Véronique Moreira est présidente de l'USEP, fédération sportive scolaire des écoles primaires depuis 2016 et vice-présidente du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) en charge des relations avec l'Education nationale depuis 2017. Secrétaire nationale de la Ligue de l'enseignement, son action porte sur l'éducation par le sport et articule les mondes de l'école, de l'éducation populaire et du mouvement sportif.
Au moment où le ministère promeut l'activité physique quotidienne (APQ), pourquoi vous interrogez-vous sur le devenir de l'EPS ?
Avec les 30 minutes d’activité physique quotidienne généralisées à la rentrée, il se peut que certains enseignants confondent ce qui relève de l’EPS et ce qui relève de ces trente minutes d’activité quotidienne. La position de l’Usep est de bien distinguer les APQ afin de préserver les temps d’EPS. L’Usep propose une approche santé de ces trente minutes. Il s’agit de lutter contre la sédentarité, de faire en sorte que les enfants soient le plus possible actifs tout au long de leur journée scolaire, de créer des respirations corporelles. Alors que L’EPS a pour mission l’acquisition d’apprentissages moteurs. Ainsi, l’EPS et l’Usep combinées contribuent au développement chez les enfants d’une culture sportive leur permettant, ensuite, d’intégrer plus facilement les associations sportives de leur quartier et de poursuivre leur parcours sportif tout au long de la vie.
Face à l'empilement des dispositifs, en quoi l'USEP peut-elle être utile ?
On constate que les enseignants sont complètement perdus dans tous les dispositifs qui leur sont proposés. À l’Usep, on souhaite remettre de la cohérence dans tous ces dispositifs et aider les enseignants à concevoir un projet sportif qui ait du sens pour le projet d’école articulant EPS – Usep et les 30 minutes d’activité physique quotidienne. Pour ce dernier, c’est l’occasion de réfléchir à l’aménagement des espaces de l’école, à la cour de récréation, en se référant notamment au design actif, afin de rendre les enfants plus actifs à tous les moments de leur journée. L’avantage de l’Usep est que nous proposons un projet sportif mais aussi associatif, c’est-à-dire que nous créons les conditions pour que les enfants participent aux décisions de l’association comme l’organisation des activités mais aussi l’aménagement des espaces de l’école. Le projet associatif permet donc aux enseignants d’articuler l’EPS et d’envisager l’aménagement de l’école pour aider à la mise en place intelligente des 30 minutes d’activité physique quotidienne.
Quels types de partenariats permet l'USEP ?
L’Usep tient à développer les partenariats avec les clubs sportifs de proximité. C’est un enjeu d’épanouissement de l’élève. Permettre à l’élève d’avoir une activité sportive au sein d’une association proche de chez lui participe à cet épanouissement. À cette fin, nous engageons les écoles à favoriser les passerelles avec les clubs sportifs du territoire pour mettre en place des séances de découverte d’une pratique sportive parfois hors programme. Bien entendu, ces séances ponctuelles ne peuvent en aucun cas se substituer à l’enseignement de l’EPS, qui reste la prérogative de l’enseignant. Concernant l’aménagement de la cour d’école, le partenariat est là aussi nécessaire. Il faut impliquer parents et collectivités territoriales. Toute la communauté éducative doit être impliquée dans cette réflexion.
Quel sens peut apporter le projet de l'USEP aux apprentissages ?
Il s’inscrit dans la complémentarité avec l’EPS puisque la rencontre sportive vient souvent conclure un cycle d’apprentissage mais cette rencontre permet aussi aux élèves de pratiquer avec d’autres élèves et de s’ouvrir à l’altérité. Les élèves prennent également des responsabilités lors de ces rencontres car ils participent à l’organisation. Ils y assument des rôles sociaux, des rôles qui permettent de développer des compétences psychosociales, essentielles pour l’estime de soi, l’épanouissement et la réussite scolaire. Ces rencontres permettent aussi de faire le lien avec d’autres disciplines d’enseignement. Nous organisons, presque toujours, des rencontres sportives qui présentent une approche développement durable, une approche santé, une approche citoyenne… Ce sont autant d’occasions de renforcer les apprentissages avec une mise en acte de ces derniers.