"Un espace de partage et construit une communauté de lecteurs"
Mis à jour le 30.08.24
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Interview de MAGALI FOURGNAUD, maîtresse de conférences en langue et littérature
MAGALI FOURGNAUD, maîtresse de conférences en langue et littérature, Inspe académie de Bordeaux-université
1.POURQUOI ENSEIGNER LA LITTÉRATURE JEUNESSE À L’ÉCOLE ?
La littérature modifie notre rapport au langage et au monde qui nous entoure : elle nous fait découvrir de nouveaux univers, nous pousse à remettre en question nos préjugés. Elle est une fenêtre ouverte vers l’autre, c’est pourquoi il est fondamental que tous les enfants, dès le plus jeune âge, aient accès à la littérature jeunesse. La classe, parce qu’elle favorise une démarche d’argumentation, de discussion critique dans laquelle chaque enfant exprime sa subjectivité, offre un espace de partage et construit une communauté de lecteurs. Par-là, la lecture littéraire contribue à fonder une démocratie soucieuse des individus, grâce au développement de l’imagination empathique. L’attention à l’autre nécessite de développer des capacités à se mettre, par l’imagination, à la place d’autrui.
2.QUELLE DÉMARCHE D’APPROPRIATION DE L’ŒUVRE ?
Partir du principe que, parce les livres sont destinés à des enfants,
ils sont simples à appréhender, est une erreur. Le PE doit jouer le jeu d’une lecture subjective de l’ouvrage, accepter d’être bousculé pour identifier les nœuds auxquels les élèves seront éventuellement confrontés. Ces situations-problèmes seront une richesse pour impliquer tous les élèves dans une démarche interprétative. Il faut partir de ce qui est propre à chaque lecteur et s’appuyer sur le collectif pour confronter les réactions et interprétations diverses, émettre des hypothèses - validées ou non ensuite par des indices iconographiques ou textuels - et faire des liens avec les expériences vécues, les lectures. C’est ainsi que se construisent progressivement la compréhension et l’appropriation des ouvrages choisis, à travers des productions orales ou écrites : écritures créatives, productions plastiques ou sonores, etc. Garder l’idée de jeu, de création, le plaisir des mots et de la découverte. Enfin, la lecture en réseau est très importante : faire des liens entre plusieurs livres du même genre, du même auteur ou traitant d’une même question, pour construire une culture commune.
3.UN EXEMPLE ?
On peut s’appuyer sur les pratiques théâtrales. Le rôle du PE dans sa préparation est de repérer les passages qui peuvent provoquer l’incompréhension, l’étonnement, le rire ou le débat. Pour faire émerger les enjeux de l’œuvre, il propose d’abord aux élèves de passer par le corps en créant une image fixe pour représenter des notions opposées comme, par exemple, l’enfermement et la liberté. En proposant un titre à ces images, les élèves sont impliqués dans une lecture de signes et prennent conscience des différentes réceptions. Considérer ensuite la lecture à haute voix comme une situation-problème, par exemple lire à plusieurs un extrait et justifier ses choix. Tout au long du travail, ils verbalisent ce qu’ils ont visualisé, entendu et ressenti pour ensemble élaborer des pistes d’interprétation sur les personnages, sur l’histoire et ses enjeux philosophiques et symboliques. Autant d’opérations nécessaires pour entrer dans la compréhension.
