UEEA : UN TRAVAIL PARTENARIAL

Mis à jour le 27.06.24

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Le dispositif unité d'enseignement autisme profite aux enfants mais aussi aux personnels

À Fondettes, la présence de l’unité d’enseignement autisme permet une inclusion de
qualité.

« J’ai une conversation avec mon fils, chose que je ne pensais pas avoir quand le diagnostic est tombé, explique Auranne Labonne, maman de Clément*. Lorsqu’il est arrivé dans cette école il y a deux ans, il ne prononçait que quelques syllabes, maintenant il fait des phrases, des demandes, il fait même des blagues ». Les progrès de Clément comme ceux d’autres élèves font la fierté de Catherine Boulestin, enseignante depuis deux ans au sein de l’Unité d’enseignement élémentaire autisme (UEEA) de l’école Françoise Dolto à Fondettes (Indre-et-Loire). « Il a appris à écrire et à lire en regardant ses camarades », précise-t-elle. 

Cela fait maintenant trois ans que le dispositif est ouvert. La première année, Catherine était enseignante en GS/CP et accueillait dans sa classe des élèves du dispositif. « Autour de jeux, des arts visuels, l’objectif était de se connaître, d’apprendre à vivre ensemble et d’acquérir une posture d’élève », se remémore Catherine. Une expérience qui lui a donné envie d’occuper le poste. Elle se rappelle avec émotion les mots de la psychologue de l’UEEA lui expliquant que c’était très compliqué pour ces enfants de croiser des regards et que chaque regard croisé était une victoire. Depuis, quel chemin parcouru !

UN FONCTIONNEMENT À LA CARTE


« En trois ans, les temps d’inclusion se sont multipliés dans les classes de référence, que cela soit en mathématiques, en français, en anglais, en EPS, en arts visuels ou en musique, rapporte Magali Le Rolland, directrice de cette école de dix classes. Nous nous adaptons aux besoins et capacités de chaque enfant, c’est un véritable travail de dentelle ». 

Chaque matin, les dix élèves de l’UEEA sont accueillis chaleureusement par Catherine, Céline l’AESH-co et Sophie et Sylvie, respectivement éducatrice spécialisée et accompagnante éducative et sociale, rattachées à l’Institut médico éducatif (IME) de l’Adapei37. Un travail sur table attend les enfants afi n de les canaliser dès leur arrivée. Sophie s’installe à côté de Mehdi, Sylvie à côté de Camille qui a beaucoup de mal à se concentrer ce matin et Céline tente d’intéresser Yoann pour qui la scolarisation est plus compliquée. Catherine, elle, récupère les cahiers de liaison. « Nous avons mis en place, pour certains enfants, une communication journalière avec des messages de félicitation sur le travail réalisé. C’est important pour motiver l’enfant et cela permet de montrer les progrès aux parents. Je n’hésite pas non plus à envoyer des photos ou même à les appeler. Lorsque les enfants sont sensibles aux encouragements et aux félicitations, c’est gagné », détaille Catherine.

FsC 498 reportage UEEA

UN BALLET EFFICACE

Après un temps de regroupement, c’est l’heure de retrouver sa classe de référence pour une partie des élèves. Youssef, Camille, Isaac, accompagnés de l’éducatrice médico-pédagogique Sylvie, se rendent dans la classe de CE1-CE2 pour réaliser la dictée de la semaine. Marion, la maîtresse, projette sur le TBI les noms propres qui y figureront. Les élèves du dispositif UEEA lisent à voix haute comme tous les autres mais Marion prend soin de les féliciter et de les encourager encore plus. Ils ont une dictée à trous différenciées qu’ils ont travaillée avec Catherine durant toute une semaine. La dictée commence. Youssef regarde en l’air. Pour le faire revenir à l’activité, Sylvie tape doucement avec ses doigts sur sa feuille. Camille a du mal à entrer dans le travail, Sylvie l’entoure de ses bras, lui parle doucement, lui pose les mains sur la table et lui montre là où il doit écrire puis, elle félicite Isaac pour son écriture très appliquée. Marion et Sylvie forment un ballet efficace et bien rodé qui permet une inclusion de qualité.

UNE ÉQUIPE PLURI-PROFESSIONNELLE

« Travailler en partenariat est indispensable pour les progrès des élèves », affirme Catherine. « Nous travaillons l’autonomie de l’enfant, sa motricité fine, la posture d’élève avec une proximité physique importante », précise Sophie. Les éducatrices ont aussi un rôle de guidance parentale comme fournir une aide pour fréquenter un club de sport, proposer des supports pour installer des routines ou encore aider à se repositionner en tant que parents. L’équipe pluri-professionnelle peut faire appel à des prestations de soins en libéral (orthophonie, ergothérapie et psychomotricité). « Leurs bilans permettent d’ajuster ce que nous proposons aux enfants », complète Sophie. 

Mais ce fonctionnement à la carte ne pourrait avoir lieu sans un fort investissement de tous les personnels. Des réunions sont nécessaires pour croiser les regards, proposer des aménagements ou de nouveaux outils. Cela nécessite aussi des temps de concertation avec les enseignantes des classes référentes pour mettre en place les emplois du temps à chaque période ou faire des allers-retours sur les contenus des apprentissages chaque semaine. Un temps est aussi nécessaire pour adapter chaque support à chaque enfant. De fait, les temps informels sont investis. « C’est très chronophage d’autant qu’à cela s’ajoutent les ESS** », souligne Catherine. Mais pour toute l’équipe, le jeu en vaut la chandelle.».

* Tous les prénoms ont été modifiés.

Interview de MARIE-HÉLÈNE PLUMET, maître de conférences en psychologie du développement à l’Université Paris Cité.

FsC 498 Marie-Hélène Plumet

QUELLES SONT LES PRINCIPALES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES ?


Trouver ensemble comment fonctionner au quotidien, avoir une collaboration harmonieuse entre les personnels de l’Education nationale et du médico-social. Ce qui n’est pas si évident car les objectifs et les rôles ne sont pas les mêmes. La formation est aussi un point à renforcer et à diversifier pour soutenir les échanges sociaux entre pairs différents et le développement socio-émotionnel et cognitif des enfants. Les unités d’enseignement souffrent aussi parfois d’un turn-over important préjudiciable aux élèves. Côté familles, la principale difficulté réside dans le continuum entre les dispositifs inclusifs.

QUELS LEVIERS POUR ÉVITER CES ÉCUEILS?

Les équipes doivent être bien préparées à travailler ensemble. Elles peuvent s’appuyer sur les psychologues qui ont un rôle très important pour fluidifier les relations au sein de l’unité mais aussi avec les familles. Il est aussi important d’individualiser de manière très fine les accompagnements des enfants, d’adapter les interventions à leur rythme et centres d’intérêt, en s’aidant des pratiques et outils fournis par les recherches appliquées récentes.

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