« Trop de mal-emploi »

Mis à jour le 03.09.19

min de lecture

Louis Maurin commente le dernier rapport sur les inégalités en France sorti en juin 2019

Il est directeur de l’Observatoire des inégalités. 

Quelles sont les principales conclusions ?

Nous insistons sur la place des inégalités fondées sur le milieu social, fréquemment délaissées au profit des inégalités femmes-hommes ou les discriminations. On occulte trop souvent dans le débat public les inégalités dans l’emploi : le chômage, la précarité, les conditions de travail, le travail physique. Les difficultés concrètes du travail et le statut de l'emploi sont minimisés alors qu'un quart de la population est dans ce que nous appelons le « mal emploi ». Le deuxième élément, ce sont les revenus bien sûr. Quand on dispose de 3 200 € par mois net après impôts pour vivre, on est parmi les 10 % les plus riches en France. Avec 800 €, on appartient aux 10 % du bas de l'échelle. Les plus riches continuent à s'enrichir alors que les niveaux de vie des classes populaires et moyennes stagnent.

Qu’en est-il des inégalités dans le système scolaire ?

L’école française favorise les enfants de familles diplômées. Si l’école n’accroît pas les inégalités, on est un pays où on reproduit beaucoup le modèle de la bourgeoisie intellectuelle. Et ça commence tôt, notamment au primaire. Avec un apprentissage de la lecture précoce, les inégalités sont fortes assez rapidement même s’il n’y a pas forcément de déterminisme. Et on reproduit les inégalités sociales dans le temps. L'enseignement supérieur s'ouvre lentement mais les inégalités se déplacent vers le haut de la hiérarchie. Hier on triait au sortir du primaire, aujourd'hui la sélection se fait en fin de 3e. Ce qui choque, c’est l’hypocrisie du discours : l’égalité est écrite sur le fronton de l’école mais le système ne la favorise pas.

Où se cachent les inégalités de tous les jours ?

On parle souvent de ce qu’on voit : argent, logement, école, santé. Mais il existe tout un ensemble d’inégalités, comme la répartition des tâches entre les hommes et les femmes, qui sont mal mesurées et qui perdurent. Les pratiques culturelles, les vacances, les loisirs : il y a un manque de connaissances sur les inégalités au quotidien. Prenons l'exemple des nouvelles technologies. Les inégalités d’accès se réduisent mais pour ceux qui restent en dehors, l'exclusion est encore plus forte. Et on sait vraiment peu de choses pour ce qui est des contenus : que fait-on ? que lit-on sur le web ? Plus largement, beaucoup de domaines restent mal connus, comme les discriminations selon la couleur de peau, les emplois du temps du quotidien, la maîtrise du langage, la justice...

Lien vers le  Rapport 2019 sur les inégalités en France (Observatoire des inégalités).

Écrire à la rédaction

Merci de renseigner/corriger les éléments suivants :

  • votre prénom n'a pas été saisi correctement
  • votre nom n'a pas été saisi correctement
  • votre adresse email n'a pas été saisie correctement
  • le sujet n'a pas été saisi correctement
  • votre message n'a pas été saisi correctement

Merci de votre message, nous reviendrons vers vous dès que possible