Travail hors l'école: quelle place dans le système scolaire?
Mis à jour le 26.03.18
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Si les devoirs sont interdits par une circulaire depuis 1956, c'est pourtant à la mêle période qu'ils ont pris une place particulière au sein du système scolaire. Ils assurent un rituel de transition entre l'école et les familles qui y voient un enjeu important pour la réussite scolaire des élèves.
Les devoirs à la maison sont-ils interdits ? Voilà une question à laquelle tout le monde semble avoir une réponse datée, celle de la
circulaire de 1956 qui précise qu’« aucun devoir soit obligatoire, soit facultatif ne sera demandé aux élèves hors de la classe ». Et pourtant tous les enseignants ou presque en donnent, à la nuance près qu’il ne s’agit pas la plupart du temps de devoirs écrits mais de leçons ou de lecture qui, elles, ne seraient pas interdites par ladite circulaire. Une nuance que même l’inspection générale de l’Éducation nationale avait du mal à trouver et qui concluait dans un rapport sur le travail des élèves en dehors de la classe, publié en octobre 2008 : « Il est urgent de préciser la nature exacte de ce qui est interdit et de ce qui ne l’est pas hors du temps de la classe ».
Une externalisation du travail personnel
Si les écoliers ont toujours eu des devoirs, ceux-ci ont pris une place particulière au sein de l’école au moment même où cette circulaire venait les interdire. En effet jusqu’aux années 60 le maître d’école était le seul garant du travail personnel des élèves. Il a été mis fin à cet encadrement au moment même où la massification de l’école aurait nécessité au contraire une prise en charge plus resserrée, évitant l’externalisation vers des familles qui étaient de moins en moins outillées pour répondre aux exigences de l’école. Car, entre temps, les savoirs enseignés ont énormément évolué passant d’un registre normatif / descriptif avec des compétences de l’ordre de la restitution de leçons apprises par coeur à un registre conceptuel permettant de décrire la complexité. Et c’est d’ailleurs tout le sens des différents dispositifs d’accompagnement à la scolarité, aides aux devoirs ou autres séances coup de pouce qui ont cherché à compenser les écarts pour les élèves les plus éloignés des attendus de l’école. Alors que les vertus des devoirs restent bien difficiles à prouver, ils continuent pourtant de relever de croyances partagées dans la société sur le fait que les élèves pourraient acquérir des connaissances et des compétences à la lueur de la bougie sur la table de la cuisine chaque soir.