Saint-Etienne et design

Mis à jour le 17.06.22

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La création de la Cité du design a des répercussions jusque dans les écoles.

                                                              "Saint-Étienne s’invente un nouveau dessin"

Unique commune de France labellisée « Ville créative design », Saint-Étienne mise en partie sur cette discipline pour remonter la pente après une période de désindustrialisation. La création de la Cité du design a des répercussions jusque dans les écoles.

À Saint-Étienne, la biennale du design bat son plein. Labellisée « Ville créative design », par l’Unesco en 2010, l’ancienne cité minière et industrielle de la Loire, qui ne s’est jamais vraiment remise de sa désindustrialisation dans les années 1970, voit cette discipline comme une issue pour retrouver sa splendeur perdue. La Cité du design, emblème du renouveau, a ouvert ses portes en 2009 dans un lieu que les Stéphanoises et les Stéphanois appellent parfois « La Cité interdite », une ancienne manufacture d’armes du ministère de la Défense fermée au public. « Après la fermeture des mines, de Manufrance, de la manufacture des armes, des activités textiles… Saint-Étienne n’avait plus qu’un seul vecteur de fierté, son club de foot. » Jean-Pierre Berger, premier adjoint au maire, se remémore l’état psychologique d’une ville sinistrée. « Mais, dit-il, aujourd’hui les choses changent ». Saint-Étienne a rebondi en développant un réseau de PME dans des secteurs de pointe : mécanique, technologies médicales, textile, numérique, optique, logistique, industrie et design. Un nouveau départ pour une ville qui, après avoir perdu en 40 ans 50 000 habitantes et habitants, en a regagné 4 000 depuis 2016. Certes, le taux de chômage reste élevé, mais depuis 2018, il a diminué de 13,6 % à 8,3 %.
Le design y contribue. Il a toujours été intimement lié à la production industrielle locale. En 2009, l’École supérieure d’art et de design de Saint-Étienne (ESADSE), héritière de l’École de dessin fondée en 1803, s’installe sur le site de la manufacture qui devient Cité du design. « Le design est une démarche », explique Marc Chassaubéné, président de la Cité et de l’école. « Une capacité humaine de remise en question par l’étude des usages, l’observation de ce qui fonctionne ou pas ». Cette approche a fait tache d’huile. Elle a prévalu à la réhabilitation de la Cité interdite opérée par l’architecte urbaniste Alexandre Chemetoff. L’école Paule et Joseph Thiollier en sera une des premières bénéficiaires. Le groupe scolaire y a ouvert ses portes en 2014 pour accueillir les élèves de la trop petite et vétuste école Jules Janin située à quelques centaines de mètres. Aménagée dans une immense nef de la manufacture, elle présente de très beaux volumes, beaucoup de lumière, de belles cours...

Une école attractive 

Une équipe design avait été intégrée dès la phase d’élaboration du cahier des charges de l’appel d’offres remporté par Alexandre Chemetoff. Tous les acteurs ont été impliqués, y compris les élèves. Avec la designeuse Sara de Gouy, ils ont conçu, par exemple, du mobilier à partir de meubles récupérés à l’école qu’ils quittaient, travaillé sur des maquettes pour se projeter. Initialement dotée de 13 classes, d’une BCD et de salles d’activités, l’école pourtant classée en Rep a vite été victime de son succès. Les familles, qui avaient inscrit leurs enfants dans le privé, sont revenues, attirées par le renouveau du quartier et la bonne facture de l’école. La construction de logements locatifs et en primo-accession a fait le reste et on trouve dans le secteur populaire de l’école une population mixte. « On est passé de 180 à 390 élèves, affirme le directeur Vincent Rousset. Pas de bénéfices actuellement puisque les 19 salles sont des classes. On ne peut plus dédoubler les CP ». Des travaux d’extension sont programmés avec la création de six classes d’ici à 2025. Plus globalement, le SNUipp-FSU 42, sur la base d’un sondage auprès des 70 écoles stéphanoises, propose le doublement à 12 millions d'euros du budget rénovation-construction des écoles publiques.

Une commande publique orchestrée 

« On peut dire que la labellisation UNESCO nous oblige », reprend le premier adjoint. Une mission de design management a été créée au niveau de la métropole. Son rôle : s’assurer que les projets d’équipements publics s’inscrivent dans la démarche. C’est ainsi qu’a été conçu Explora, parc d’activités scientifiques et ludiques et le nouveau théâtre de La Comédie de Saint-Étienne. Des écoles du territoire sont aussi concernées. « Depuis 2011, nous avons effectué plus de 300 interventions dans les services publics sur des projets plus ou moins importants, dont une dizaine dans des écoles », déclare Nathalie Arnoult, design manager. Dans les écoles concernées, il ne s’agit pas de reconstruire, mais d’améliorer. Ici, on a refait la BCD, ailleurs, on a repensé la cour de récréation. Plus globalement et dans l’espace public, « Banc d’essai », sorte de showroom en plein air, permet d’expérimenter de nouveaux objets urbains : îlots de fraicheur en bambou pour étés trop chauds ou tuteurs géants pour végétaliser un coin de rue. Cette année, mobilier, installations artistiques, équipements sportifs sont autant de prototypes à tester pour la population stéphanoise, avant d’en installer certains durablement dans la ville. Une consultation organisée au moment des biennales, une autre occasion de travailler à populariser le design. Cette année, la biennale « Bifurcations – Choisir l’essentiel » interroge les domaines du quotidien : l’habitat, l’automobile, l’apprentissage, les modes de production et la santé. Le design aidant à faire un pas de côté pour expérimenter d’autres voies possibles comme l’épuisement des ressources naturelles, le réchauffement climatique, la crise sanitaire et les inégalités. 

FsC 483 GA St Etienne ©Epase Studio Caterin

Un rayonnement pédagogique 

Depuis la Cité, le design diffuse dans les classes de Saint-Étienne et ses environs. Les PE peuvent accompagner leurs élèves aux différentes expositions et à la Biennale, mais aussi à la Cabane du design, un espace de médiation pour se familiariser à la culture scientifique et créative design. Cathie Pillonel, enseignante à Roche-la-Molière, a pu initier ses élèves : « suite à l'observation de la fonction et de l'esthétique des chaises, les enfants ont pu créer leur propre siège en imaginant de nouvelles fonctions à celui-ci », explique-t-elle. Dans un quartier difficile, à l’école de la Montat, un travail est en cours avec l’inclusion pour boussole. « Pour rendre l’école concrète pour tous », souligne la directrice Claire Cornut, le projet comprend une vidéo de présentation de l’école et de ses valeurs, la réalisation d’une signalétique non verbale et de jeux de cour inclusifs. Un travail orchestré par des designeuses.

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