Revalorisation salariale

Mis à jour le 04.12.21

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Interview de Christian Chavagneux, éditorialiste à Alternatives Economiques

CHRISTIAN CHAVAGNEUX, éditorialiste à Alternatives Économiques

FsC 478 Chavagneux©J.Wach-Chastel

Quelles menaces pour le pouvoir d'achat des salariés ?

Le contexte actuel de forte reprise économique favorise une hausse des prix. Le redémarrage économique, plus rapide que prévu, avec une forte demande, incite les entreprises à augmenter leurs prix plutôt qu’à investir car cette accélération de la demande ne va pas durer. D’autre causes sont plus structurelles. Elles sont liées à l’actuelle remise en cause du modèle économique du « low cost », dominant depuis les années 1970, fondé sur le coût minimal du travail et les délocalisations, le gel de la hausse du SMIC, l’optimisation fiscale agressive. L’abandon de ce modèle engendre un coût de l’énergie plus élevé, une fiscalité plus forte, une augmentation du coût du travail. Sans aboutir forcément à une inflation généralisée, les prix augmentent dans des secteurs structurants pour les ménages, comme l’énergie.

Et sur les salaires du public ? 

L’actuelle politique salariale est celle du refus de hausse des dépenses courantes de l’État qui ne seraient pas des dépenses d’investissement. Comme si payer un professeur, ce n’était pas de l’investissement. Or, contrairement à ce que prétendent les libéraux, la réduction des dépenses publiques pénalise la croissance et creuse les déficits. Dans le privé, après 30 ou 40 ans de blocage des salaires, il y a une poussée extrêmement forte en faveur de l’augmentation salariale, pour répondre aux besoins de recrutements dans des secteurs déficitaires, comme la restauration. Si les revendications salariales du privé, particulièrement fortes aux États-Unis, aboutissaient à un rapport de force favorable, ceci obligerait les gouvernements à réagir pour les salaires du public.

Comment financer une telle revalorisation ? 

Toute dépense publique a un effet multiplicateur qui nourrit l’économie. Quand l’État dépense un milliard, il génère un milliard 600 millions de revenus injectés dans l’économie. Une partie de la hausse des dépenses publiques est donc auto-financée. Par ailleurs, selon l’OCDE, les capacités d’endettement de la France sont garanties par un taux d’intérêt qui restera inférieur au taux de croissance économique jusqu’en 2060. Ceci garantit une hausse des recettes fiscales supérieure au coût de la dette. Ce n’est donc pas un problème de financement mais de choix politique.

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