RASED : INDISPENSABLES

Mis à jour le 04.12.21

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Avec la crise sanitaire, les RASED nécessaires pour lutter contre les inégalités scolaires

La crise sanitaire peut avoir des conséquences terribles sur les parcours scolaires. Les RASED sont plus que jamais indispensables à la lutte contre les inégalités scolaires

Les Réseaux d’aides spécialisés aux élèves en difficulté (RASED) contribuent à prévenir et à réduire les difficultés durables liées aux apprentissages à l’école que les enseignantes et enseignants ne peuvent résoudre seuls face à leur classe. La circulaire de 2014 reconnaît des missions importantes aux RASED mais sans les moyens nécessaires à leur réalisation. Au contraire, alors que le milieu ordinaire scolarise actuellement 80% des enfants en situation de handicap et que de nombreux élèves sont touchés par la crise sanitaire et ses conséquences sociales, économiques, psychologiques et scolaires, ce dispositif de prévention et de remédiation, hautement inclusif, plébiscité à la fois par les PE et les parents subit de nombreuses attaques depuis plusieurs années.

Un dispositif plébiscité 

Depuis la création des GAPP* en 1970 devenus RASED en 1990, le dispositif constitué de l’aide à dominante pédagogique, de l’aide à dominante rééducative et de l’aide psychologique, « renouvelle le point de vue sur la difficulté mais aussi l’approche pédagogique ». « Il permet de relancer la dynamique d’apprentissage, de développement », explique Jacques Bernardin du GFEN. La pluralité des regards des spécialistes du RASED est sollicitée par des tâches qui les éloignent de leurs collègues enseignant•es des RASED. Le rapport de l’IREDU** en 2017 remettait en cause l’efficacité des RASED. La mise en place d’autres dispositifs (l’aide personnalisée puis les activités pédagogiques personnalisées et maintenant le dédoublement de certains niveaux en éducation prioritaire) a permis aux ministres de justifier la fonte de leurs moyens. Le CAPPEI de 2017 recentre, quant à lui, la formation sur les objectifs d’une école inclusive et aux besoins éducatifs particuliers en français et en maths. Un nouveau coup est porté par les préconisations du rapport d’avril dernier de la mission d’inspection générale de l’Éducation nationale (voir ci-contre) qui enfonce le clou d’une évolution des missions vers le conseil aux enseignant•es au détriment de l’aide directe aux élèves en grande difficulté. Dans un contexte de standardisation dictée par les évaluations nationales, l’approche de la difficulté scolaire n’est vue par le ministère qu’à l’aune des neurosciences et de ses protocoles. Le collectif RASED, dont le SNUipp-FSU fait partie avec les associations professionnelles, affirme qu’avec la crise il faudrait des moyens accrus pour les RASED afin d’accompagner les équipes et les élèves les plus fragiles. Pour le SNUipp-FSU, un grand plan pour l’école s’impose dans lequel les missions actuelles des RASED doivent être réaffirmées et les moyens abondés.
*GAPP : groupe d’aide psycho-pédagogique
**IREDU : institut de recherche sur l’éducation
***PIAL : pôle inclusif d’accompagnement localisé

FsC 478 RASED Maryse Métra

Maryse Métra est psychologue, vice-présidente de l’AGSAS, association des groupes de soutien au soutien

La complémentarité est-elle un élément central du Rased ? 

Les difficultés rencontrées par les élèves sont multiples et nécessitent des réponses adaptées. Il faut rééquilibrer les dotations en postes car les suppressions, en particulier les postes G, ne permettent plus aux collègues des RASED de remplir leurs missions, en complémentarité des actions menées par les enseignants des classes qui ne peuvent pas tout, même s’ils avaient une formation suffisante. À côté de l’aide pédagogique, le travail des enseignants spécialisés chargés des aides relationnelles est très important pour tout ce qui concerne les liens école/famille, pour restaurer le désir d’apprendre chez des élèves en passe de décrocher. Si leurs postes ne sont pas pourvus, la pertinence du dispositif « Réseau » perd tout son sens.

Une aide hors ou dans la classe ?

Les injonctions de certains inspecteurs de l’Éducation nationale à exiger que les aides spécialisées ne soient dispensées que dans la classe, même si celle-ci est un lieu de souffrance pour certains élèves, entraînent aussi des souffrances chez les enseignants et les autres élèves de la classe. Il est important de garder une certaine souplesse de fonctionnement, de donner une formation suffisante aux professionnels, et de leur faire confiance pour mettre en place des dispositifs qui répondent aux besoins des élèves qui rencontrent des difficultés : aides dans la classe, hors de la classe, en petit groupe ou en individuel, comme les textes officiels le stipulent. L’école de la confiance ne commence-t-elle pas là ?

Qu'en est-il de la formation ? 

On assiste à des dérives dans certains départements quand certains collègues qui veulent changer de fonctions au sein des RASED se voient refuser de suivre les modules spécifiques sous prétexte qu’ils sont déjà spécialisés. S’il serait bon de développer dans la formation initiale une formation à la prise en charge des élèves éprouvant des difficultés d’apprentissage, il faut avoir conscience aussi que les réponses didactiques et pédagogiques ne peuvent pas tout face à des élèves qui refusent d’apprendre, et ce, pour des raisons multiples. Il faut des réponses diversifiées et des espaces spécifiques aussi.

RAPPORT À CHARGE

La mission d’inspection générale de l’Éducation nationale a publié en avril 2021 un rapport «L’organisation, le fonctionnement et l’évaluation des effets des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté ». À partir d’entretiens et de questionnaires effectués dans une quinzaine de départements seulement et d’éléments recueillis auprès de l’administration, la mission a dressé « son » état des lieux des RASED et suggère des pistes d’évolution pour leur fonctionnement. Elle interroge leur place au sein de l’école inclusive, mettant en avant « un pilotage incertain et une politique peu lisible », et pointant le manque d’appréciation des effets des aides apportées aux élèves, « qui constitue encore un véritable angle mort ». Elle préconise comme le renforcement et l’unification du pilotage à tous les niveaux, feuille de route et audit à l’appui. Côté fonctionnement, une nouvelle circulaire remplacerait celle de 2014 et un guide national viendrait redéfinir la place des RASED au sein du Pôle ressource de circonscription en lien avec les PIAL***. Sans bilan d’une politique qu’elle dénonce elle-même, la mission vise à faire prendre au RASED un tournant idéologique dont l’objectif est avant tout de réduire les coûts.

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