Quels savoirs? quels enseignements?

Mis à jour le 06.10.21

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Interview de Jacques Crinon, professeur honoraire en sciences de l'éducation à Créteil

Jacques Crinon est professeur honoraire en sciences de l’éducation à l’Université Paris-Est Créteil.

Dossier 477 Jacques Crinon

Quels savoirs mobiliser chez les élèves ? 

Quand nous écrivons, nous mobilisons et combinons des connaissances multiples et différentes. Des connaissances du monde, liées à ce sur quoi nous écrivons. Des connaissances lexicales, syntaxiques, graphomotrices. Des connaissances relatives à la mise en cohérence du texte. Et des connaissances rhétoriques et pragmatiques avec les caractéristiques des genres de discours adaptés à une intention, tels que raconter, expliquer, argumenter… Écrire demande aussi d’avoir une image du public auquel nous nous adressons, pour lui donner les informations dont il a besoin. Contrairement à un échange oral, le destinataire d’un texte écrit ne peut réagir dans l’instant et faire préciser l’évènement ou le lien logique qui lui manque pour se représenter clairement la situation évoquée. En outre, et c’est fondamental chez les scripteurs novices, écrire suppose de comprendre que l’écriture est une forme de langage, avec ses usages propres, et que les savoirs et savoir-faire que l’on acquiert à l’école pour pouvoir écrire ne sont pas des fins en soi. Le but est de communiquer avec d’autres, de réfléchir, de raisonner, de construire des connaissances, d’en garder trace et mémoire. L’écrit marque une rupture avec le registre de l’expérience et de l’immédiateté et fait accéder à un rapport au monde plus distancié et réflexif, nécessaire aux apprentissages scolaires. C’est un enjeu particulier si l’on veut réduire les inégalités socio-scolaires, certains enfants y sont familiarisés dans leur milieu familial, mais d’autres ont besoin de l’école pour le découvrir. 

Quelles difficultés pour les PE ? 

Ces apprentissages demandent du temps et la multiplicité des compétences que les élèves doivent maîtriser pour produire des écrits pleinement réussis décourage parfois. Devant des textes maladroits, peu explicites, éloignés des normes linguistiques, orthographiques ou de présentation, certains enseignants se demandent par où commencer, victimes aussi de l’idée fausse que tout écrit devrait être intégralement corrigé et retravaillé. Ils sont tentés de faire peu écrire leurs élèves, attendant que ceux-ci maîtrisent séparément les composantes du savoir-écrire – grâce à l’étude de la langue – pour leur demander de rédiger des textes. Ce n’est pas la meilleure stratégie.

Quels enseignements de la recherche ?  

Il existe des études qui ont évalué l’effet, sur l’apprentissage de la production écrite, des différentes manières de l’enseigner. Un des enseignements est que les élèves progressent davantage quand ils écrivent beaucoup. Il est nécessaire que, dès le début, ils écrivent tous les jours et même plusieurs fois dans la journée. Plusieurs éléments expliquent ces résultats. D’une part, c’est par l’entraînement que certains savoir-faire vont s’automatiser, dégageant des ressources attentionnelles pour la gestion des idées ou la recherche d’effets sur le lecteur. D’autre part, c’est parce qu’ils utilisent l’écrit dans différentes situations, au sein de différents domaines disciplinaires, que les élèves en comprennent les fonctions et s’en approprient les usages.

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