Paris tousse-t-il ?

Mis à jour le 13.05.19

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L’étude publiée par l’association Respire est venue redonner du souffle à la question de la pollution dans les écoles de centre-ville.

Quand les automobilistes roulent, les enfants toussent. C’est l’alerte qu’a souhaité faire Respire (association nationale pour la prévention et l'amélioration de la qualité de l'air) en diffusant le 28 mars dernier les résultats de son étude sur la pollution de l’air mesurée sur le pas de la porte des crèches, écoles et établissements scolaires de Paris et sa région.

Les adresses ont été croisées avec une compilation de 100 millions de données fournies par Airparif, organisme de surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France, elles permettent d’établir une cartographie précise. Résultats, pas moins de 682 établissements accueillant des enfants, sur 12 520, sont exposés à des niveaux de pollution dépassant les normes légales de dioxyde d’azote (NO2), particules émises essentiellement par les véhicules roulant au diesel. « Et si l’on prend en compte les taux recommandés par l’OMS pour être en bonne santé, alors ce sont plus de 90 % des établissements qui dépassent les prescriptions », précise Olivier Blond, le président de Respire. « Une question qui ne concerne pas seulement l’hyper centre parisien », fait remarquer ce responsable associatif. Car même si Paris reste la plus exposée, c’est aussi là que les efforts les plus importants ont été réalisés avec une mesure à la baisse de – 11,14  % entre 2012 et 2017, alors qu’elle n’est en comparaison que de – 5,56 % en Seine-Saint-Denis ou de – 7,56 % dans les Hauts-de-Seine, sur la même période. 

Les enfants plus vulnérables

Pour autant c’est bien dans Paris que le problème reste le plus important comme pour cette crèche, ces trois écoles ou encore ce collège bordant l’avenue Simon Bolivar dans le XIXe arrondissement. « Une circulation à double sens, une avenue en forte pente de ce quartier proche des Buttes Chaumont et un axe particulièrement utilisé pour entrer dans Paris viennent expliquer notre présence sur ce triste palmarès », déplore Simon Méjane, responsable FCPE de l’école maternelle située au 67 de l’avenue. « Ma fille Lison va respirer un air dégradé de sa naissance jusqu’à la fin de la troisième », regrette ce père d’élève. Or, comme le rappelle Jocelyne Just, pneumologue de l’hôpital Trousseau à Paris, dans un entretien donné au journal Le Monde, « ce sont les enfants qui sont les plus vulnérables ». Elle constate que les urgences de son service se remplissent à chaque pic de pollution et qu’elle traite de plus en plus de cas d’asthme sévère. Et la spécialiste ne rassure pas en ajoutant que « la pollution de l’air a aussi des répercussions sur la croissance pulmonaire et peut entraîner des dysfonctionnements immunitaires ».

Bolivar de la pollution

Aussi, dans les écoles de l’avenue Bolivar, s’est-on habitués à mettre en œuvre des mesures à chaque alerte pollution diffusée par le rectorat. Dominique Rué, directrice de l’école maternelle explique que « les élèves qui ont un PAI asthme sont gardés dans les classes pendant les récréations ». À quelques pas de là, l’équipe de l’école d’application a réduit le temps de récréation et a aménagé le préau pour que « les enfants puissent ‘s’aérer’ dans un lieu plus protecteur », explique sa directrice, Laaldja Mahamdi. Avec son équipe, elle a pris la décision permanente d’éviter les activités physiques en extérieur. Denis Chauvet, directeur d’une troisième école, toujours sur la même avenue remarque : « sur le haut de Bolivar, les écoles sont en bordure d’un sens unique et semblent moins polluées ». Et il ajoute : « pourquoi ne déclenche-t-on pas plus souvent la circulation alternée ? ». D’autres mesures coercitives sont également proposées par les parents dans différents courriers adressés à la ministre de la Santé, au ministre de l’Éducation nationale, à la mairie ou encore à la RATP. Ils proposent la mise en place de zones limitées à 30 km/h autour des écoles, la création de zones à trafic limité ou encore de prioriser la rénovation du parc des bus sur l’avenue Bolivar par des véhicules électriques. « Ne vaudrait-il pas mieux confiner les voitures plutôt que les enfants ? », interrogent benoîtement les parents qui demandent également à la mairie de mesurer la qualité de l’air à l’intérieur même des écoles.

Que fait la Mairie ?

  La maire de Paris s’y est engagée et lancera à la rentrée 2019 une campagne de mesures à l’intérieur des établissements dont les normes d’exposition au NO2 ne sont pas respectées. « Des relevés qui seront complétés par des analyses dans les établissements situés sur des sols ayant connu des activités industrielles, pouvant être, eux-mêmes, facteurs de pollution de l’air », indique Cyrille Peyraube, directeur de cabinet de Patrick Bloche, adjoint à l’éducation. Il ajoute que les services municipaux « étudient la possibilité de mettre en œuvre des mesures de réduction de la circulation notamment aux heures d’entrées et de sorties scolaires », car rappelle-t-il, « la qualité de l’air c’est d’abord et avant tout le sujet de la circulation automobile ». Un problème qui de fait ne concerne pas seulement la région parisienne mais la plupart des centre-villes urbains. Ainsi, une étude récente de Greenpeace à Marseille, affichait que 58 % des lieux collectifs accueillant des enfants dans la cité phocéenne étaient dans le rouge.

L’air sous contrôle ?
La pollution de l’air dans les écoles vient aussi de l’intérieur. Ainsi, la loi a rendu obligatoire le contrôle de la qualité de l’air intérieur depuis le 1er janvier 2018 pour les crèches et les écoles, délai porté à 2020 pour les collèges et lycées. Des concentrations en polluants qui peuvent être plus importantes que dans d’autres lieux de vie du fait de la densité d’occupation des locaux et d’un renouvellement de l’air ou de ventilations insuffisantes. Ces mesures doivent être réalisées au frais des collectivités par un organisme habilité et les résultats être rendus publics et affichés. En préalable un bilan auto-diagnostique est demandé. Un document qui fait sérieusement grincer des dents les directeurs et les directrices à qui l’on demande parfois de le remplir, alors qu’ils n’ont ni les compétences, ni les outils pour le réaliser.

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