“Ouvrir l’élève à ce qu’il ne connaît pas”

Mis à jour le 26.06.24

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ITV de Frédéric Maizières, maître de conférence en didactique de l’éducation de Toulouse.

Frédéric Maizières est maître de conférence en didactique de l’éducation de Toulouse.


QUELLE PLACE LA MUSIQUE A-T-ELLE DANS LA SOCIÉTÉ ET À L’ÉCOLE ?


Elle est omniprésente dans la vie de tout individu. Il n’y a pas de société sans musique. Des études montrent ses bienfaits que ce soit au niveau cognitif, psychologique, social, émotionnel ou affectif. Et puis la musique pour elle-même, c’est du plaisir, des émotions, elle est nécessaire. L’enfant qui vient à l’école vit dans un environnement nourri de musique. L’idée n’est pas de savoir s’il y a de la musique de qualité ou pas mais de comprendre qu’il y en a des différentes. L’école conduit les élèves à s’ouvrir à d’autres choses que ce qui peut être imposé par la voie des médias, montre que la musique ne s’arrête pas à nos frontières et qu’il y en a dans toutes les sociétés, dans tous les pays. C’est important de comprendre les musiques des autres pour mieux les connaître et mieux vivre avec. Et puis à l’école, c’est aussi apporter une fenêtre, une bouffée d’oxygène dans un quotidien qui peut parfois être très contraint.

EN QUOI CONSISTE L’ÉDUCATION MUSICALE À L’ÉCOLE ?

Depuis toujours, les programmes préconisent des activités autour du chant. L’éducation musicale, c’est d’abord chanter avec les autres. Il y a beaucoup de pratiques vocales du type chorales mais aussi des activités plus axées sur l’écoute. Écouter, c’est prendre du plaisir mais également comprendre la musique, les musiques et s’ouvrir à de nouvelles musiques. Et puis un troisième volet passe par des pratiques plus créatives, peut-être moins mises en œuvre par les enseignants car pas si simples. Créer sa musique, ce n’est pas faire du Mozart mais c’est amener l’élève à assembler des sons, organiser un discours sonore, arranger, découvrir ou redécouvrir le son, son pouvoir, sa qualité, etc. C’est ensuite s’approprier tout ce langage pour en faire une production qui sera plus personnelle tout en restant collective.

COMMENT CELA SE TRADUIT-IL ?

En chant, deux types de répertoires sont en général proposés aux élèves par les enseignants. Un, qualifi é de scolaire, avec des chansons que l’on voit depuis des années comme La sorcière Grabouilla de Francine Pohl ou Armstrong de Nougaro. Un autre plus spécifique, plus lié à la culture personnelle des enseignants. Des dispositifs comme « orchestre à l’école », souvent en lien avec les conservatoires de proximité ou l’intervention de professionnels en classe permettent de mettre en place des pratiques instrumentales et/ou vocales et des pratiques de création. Des expériences exceptionnelles que l’on peut faire vivre aux élèves mais qui sont liées aux conditions locales, à la volonté politique des communes d’accompagner ou pas ces actions. Des enseignants trouvent aussi indispensable d’amener les élèves à découvrir la musique dite savante quand d’autres souhaitent les acculturer à des musiques plus populaires ou issues d’autres cultures. L’important n’est pas tant d’enseigner telle ou telle chose mais d’ouvrir l’élève à ce qu’il ne connaît pas, en ayant du plaisir et avec comme objectif de connaître l’inconnu et de comprendre l’autre.

QUELS OBSTACLES ÉVITER ?

On peut avoir tendance à voir ce que la musique apporte par rapport au bien-être, à la vie en communauté avec l’idée que la musique est là pour animer tous les moments de rencontres. On ne peut pas lui enlever cette fonction qui est au service du développement des compétences psycho-sociales, mais elle ne peut pas se résumer à cela. L'enseignement musical doit amener à des connaissances de l’univers musical et le choix des musiques s’avère important. Il doit être fait en fonction de l’enfant, de son développement cognitif et non pour faire plaisir aux enseignants ou aux parents. Réfléchir à ce qui est propice au développement musical et socio-cognitif de l’élève est complexe et demande une véritable ingénierie. Difficiles aussi, quand les prescriptions ne cessent d’augmenter et que la pression sur le « lire, écrire, compter » s'amplifie, de trouver le temps pour cet enseignement et de se lancer dans des projets artistiques souvent coûteux en temps. Les enseignants peuvent s’appuyer sur leur polyvalence permettant de lier la musique aux autres enseignements. C’est complexe mais aussi d’une grande richesse.

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