Outre-mer : l'école lance un SOS !

Mis à jour le 12.12.23

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L’enseignement scolaire dans les DROM se heurte à de nombreuses difficultés

Faute de moyens à la hauteur des spécificités territoriales, l’enseignement scolaire dans les DROM se heurte à de nombreuses difficultés d’ ordre économique, social, linguistique... Les PE tentent de les surmonter au quotidien pour donner aux élèves ultramarins la même qualité d’enseignement que dans l’Hexagone et leur permettre de devenir des citoyens et citoyennes à part entière.

Établissements surchargés et sous-équipés, bâtiments souvent délabrés et inadaptés aux conditions climatiques, taux de non scolarisation et d’échec scolaire importants, équipes pédagogiques réduites et précarisées… Le quotidien des PE ultramarins est marqué par les inégalités sociales, économiques, culturelles et linguistiques qui caractérisent les Départements et régions d’outre-mer (DROM). La récente campagne de la FSU-SNUipp, « École en sous-France », est justement destinée à faire réagir le ministère de l’Éducation nationale et le gouvernement face à cet état d’urgence.
Selon Emmanuel Valat, maître de conférences à l’université Gustave-Eiffel, il est urgent, en effet, de repenser l’enseignement en outre-mer en prenant en compte les spécificités de chaque territoire. « Changer la donne nécessite de renforcer les moyens de l’école, en réduisant les tailles de classes dès le plus jeune âge. Mais aussi de réfléchir aux conditions d’utilisation de la langue française dès la maternelle », souligne l’universitaire.
Malgré l'insuffisance des moyens mis à leur disposition, les PE, de l’Océan indien à l’Amérique du sud en passant par les Antilles, veillent à remplir au quotidien leur mission dans l’intérêt des élèves.
Ainsi, Véronique Larochelle, PE en CE1/CE2 à l’école Dothémare dans la commune guadeloupéenne des Abymes, fait de l’histoire des Antilles un axe fort de son enseignement, car « il est essentiel que les élèves comprennent d’où ils viennent ». Son enseignement reste toutefois perturbé par les fréquentes fermetures d’écoles en raison du caractère non potable de l’eau.

En constante adaptation 

Dans son école guyanaise de Taluen, village wayana à la frontière du Surinam, Estelle Ganachaud fait face, quant à elle, à l’éloignement qui place son établissement à près de deux heures de pirogue de Maripasoula où siège l’inspection de circonscription.
« Il faut prendre en compte les difficultés d’acheminement et anticiper les commandes de matériel scolaire qui souvent n’arrivent jamais », raconte-t-elle.
L’équipe enseignante de l’école Pablo Picasso de Saint-Pierre, sur l’île de La Réunion, a, de son côté, su faire du gigantisme de l’école (32 classes, 530 élèves) un atout pédagogique et a obtenu un poste de direction adjointe. « Le dispositif est facilitant car la répartition des tâches et responsabilités entre la directrice et son adjointe est claire, ce qui nous permet d’obtenir des réponses immédiates en cas d’urgence », témoigne Isabelle Bérard, enseignante en CE1.
À Fort-de-France en Martinique, à l’école Baie des Tourelles, où un grand nombre d’élèves parlent créole, anglais ou espagnol à la maison, l’intervention d’une enseignante spécialisée dans le dispositif UPE2A - Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants - permet aux enfants de progresser grâce à des activités, comme la chanson et le jeu, qui stimulent les apprentissages. « Les élèves sont en petits groupes et osent s’exprimer plus », se félicite Isabelle Leroy, enseignante de CE1.
À Mayotte, faute de locaux suffisants, les enseignants se partagent des classes. Des élèves ont cours le matin et d’autres l’après-midi. « Le manque de locaux complique les plannings et nous oblige à partager classes et matériel par niveau », déplore notamment Zouhoura Manzoufou, PE à la maternelle Kahani de Ouangani.
« L’école s’adresse aux élèves natifs des DROM avec des normes très hexagonales, sans prendre assez en compte la culture créole et les langues autochtones, les particularités sociologiques et historiques. Elle devrait, par ailleurs, s’adapter davantage aux différents milieux sociaux », rappelle Emmanuel Valat. Une analyse partagée par la FSU-SNUipp qu’elle entend bien faire prendre en considération par le ministère de l’Éducation nationale.

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