Observer, chercher et comprendre
Mis à jour le 12.03.24
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Reportage à Lille : manipuler toupies et objets techniques en démarche expérimentale.
En manipulant toupies et objets techniques, les CE1 de l’école Victor Duruy à Lille (Nord) entrent en démarche expérimentale.
« Ouah, j’ai réussi, regardez comme elle tourne ! », « Comme un tourbillon ! ». À même le sol, Aïcha, Nahim et leurs camarades de CE1 de l’école Victor Duruy à Lille (Nord) rivalisent d’enthousiasme et d’impatience à manipuler les toupies mises à disposition par leur enseignante, Djohara Abed. Quand celle-ci suggère un concours de la toupie qui tourne le plus longtemps possible, Théo observe déjà que la sienne « tourne mieux avec la mine en bas ». Louise confirme que le sens d’utilisation influe sur le temps de rotation. Cette effervescence réjouit la maîtresse pour qui « la phase de manipulation donne aux élèves l’envie d’observer, chercher et comprendre. Alors qu’en résolution de problèmes, ils n’ont pas spontanément le goût de la recherche, la technologie permet de le susciter. »
Un premier débriefing permet à la maîtresse de faire correspondre « les mots scientifiques » (axe, pointe, corps) aux descriptions spontanées (« manche », « mine », « ça ») des composants techniques de la toupie. Quand tous ont complété leur schéma individuel, la confrontation d’hypothèses reprend. Héloïse propose de « prendre de l’élan », sur une surface « plate et dure », Théo remarque que « la pointe doit être en dessous, bien droite et au milieu » et Mahoub s’interroge sur l'influence de « sa taille ».
Les idées qui fusent seront à valider ou infirmer lors de la prochaine séance où il s’agira de faire varier longueur et centrage de l’axe sur des toupies à fabriquer. Une progression de démarche expérimentale loin d’aller de soi pour Djohara « absolument pas scientifique » qui redoute « de ne pas avoir les connaissances pour répondre aux questions des élèves ». Pas facile en effet, pour maximiser l’activité des élèves, de « rebondir sur leurs observations, trier leurs remarques, les reformuler pour garder une trace ». Des appréhensions finalement effacées par le recours à des « manuels de qualité offrant une mise à niveau notionnel pour l’enseignant » et « la réflexion menée en équipe sur des temps de concertation ».
Des concepts appropriés
La collaboration avec Frédéric Plateau, deuxième enseignant au profil scientifique de cette classe « dédoublée » Rep+ fonctionnant en co-intervention, permet de proposer un deuxième atelier. Les élèves y sont confrontés au fonctionnement d’objets « énigmatiques » à deux mouvements : étau, tire-bouchon, serre-joint, clé à molette... La familiarité du bâton de colle permet à Zaccharie de mieux comprendre que lorsque « la main tourne la molette, la colle monte ou descend ».
Guidée par le questionnement magistral, Jinan et ses camarades associent leurs observations « quand ça tourne » et « quand ça avance tout droit » aux termes techniques “rotation” et “translation”. Les élèves accèdent ainsi progressivement au sens et au maniement de notions complexes dès la deuxième séance. « Une étonnante capacité d’appropriation de concepts » selon Djohara et qui fait dire à Frédéric que « ne pas se limiter aux " fondamentaux" est profitable aux élèves, pour leur permettre d’oser et d’être actifs dans les apprentissages ».