Noms de Dieu

Mis à jour le 10.12.19

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Les religions, les CM1 et CM2 de Bailleul (59) les abordent au gré du programme d’histoire

« Au champ d’honneur, les coquelicots / Sont parsemés de lot en lot / Auprès des croix; et dans l’espace… » C’est entre ces croix du cimetière militaire que cheminent les CM1 et CM2 de l’école Victor-Hugo à Bailleul (59). Ils y récitent le poème écrit par un soldat anglais In Flanders fields « ou plutôt une adaptation pacifiste, axée sur le souvenir », précise leur maître Alain Talleu. Partout ici, dans la plaine franco-belge, la 1ère guerre mondiale a laissé ses stigmates. D’innombrables cimetières militaires rappellent le demi-million de soldats tombés ici, Français, Allemands, Anglais mais aussi venus du Moyen-Orient, d’Afrique… Leurs différences se retrouvent dans leurs tombes : elles sont chrétiennes mais aussi musulmanes, juives, ce qui confronte les élèves et leur professeur à la question des religions. « Les croix blanches, c’est pour les chrétiens, ceux qui croient en Dieu », les sépultures en ogive avec le croissant et l’étoile : « ce sont des musulmans. Ils croient en un autre Dieu ». Alain précise : « En Allah, le nom de Dieu dans l’islam ». Il explique aussi que certains soldats n’étaient pas croyants mais reposent sous une croix par tradition. Parfois, une colonne brisée signale un libre-penseur. 

Équilibre 

D’autres inscriptions interpellent les élèves, sur la stèle de soldats inconnus : « Known unto God » Candice, Soanne et les autres cherchent dans leurs connaissances d’anglais : « Seulement connu de Dieu », apporte l’enseignant. « Parfois ils me demandent : ‘Donc Dieu existe ?’ Je peux répondre que cela dépend des croyances mais que je ne donnerai pas mon avis ». C’est cet équilibre qu’il trouve tout au long de la sortie puis au retour en classe : ne pas botter en touche la question des religions, mener « une étude croisée de faits religieux replacés dans leurs contextes » comme disent les programmes. Sans influer. Si les élèves distinguent la présence de plusieurs religions, relèvent les symboles, croix, croissants, étoiles… ils peinent à en saisir le sens : « c’est parce que les soldats venaient de différents pays ». L'enseignant reprendra donc en classe pour aider à distinguer religions, nationalités, voire langues. Il rappellera la naissance de ces religions dans le cours de l’histoire et ce qui différencie par exemple fois protestante et catholique au moment de la Réforme. « Nous étudions aussi beaucoup l’iconographie, les tableaux quand nous travaillons sur les croisades ou les guerres de religion », continue Alain, « En histoire de l’art aussi, de nombreuses œuvres sont religieuses, on explique leur origine et leur sens ». Il mène les séances naturellement. « Ce n’est pas une question tendue ici ». Mais il se souvient d’un moment plus délicat « Lors d’une cérémonie du 11 novembre à laquelle nous participions, l’un des prêtres, en soutane, est venu féliciter les élèves. Mais il n’a pas été simple de lui faire comprendre ensuite que, non, je n’allais pas les inciter à participer également à la cérémonie qui aurait lieu lors de la messe du dimanche à l’église… »

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