Moins d’élèves pour mieux apprendre

Mis à jour le 26.09.25

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Utiliser la baisser démographique pour améliorer les conditions d'apprentissage et d'enseignement

Alors que plusieurs études prévoient que la baisse démographique scolaire va s’amplifier, le monde de la recherche et de l’éducation estime qu’il faut profiter de cette nouvelle donne pour améliorer les conditions d’apprentissage et d’enseignement.

À la rentrée 2024, 79 400 élèves manquaient à l’appel. Cette année encore, 90 700 enfants supplémentaires devraient disparaître des effectifs de l’école primaire. Une décrue démographique qui devrait s'amplifier à court terme. Les prévisions officielles évaluent, en effet, à un demi-million la diminution du nombre d’élèves à l’horizon 2029, rien que pour le premier degré. Face à cette perspective se posent des questions essentielles, relancées par la récente étude de l’Institut des politiques publiques (lire p. 16).

Faut-il profiter de ce reflux pour corseter un peu plus le budget de l’éducation nationale en réduisant les postes d’enseignant·es ? Ou au contraire, faut-il s’appuyer sur la baisse des effectifs ? Comme le montrent plusieurs études convergentes (lire p. 18), les classes moins chargées constituent un facteur très favorable pour l’acquisition des savoirs, notamment chez les enfants des territoires défavorisés. Pour autant, le système éducatif français nécessite de repenser les pratiques professionnelles et la formation des PE à l’aune de la baisse des effectifs.

*Note de la Depp « Prévisions d'effectifs d’élèves du premier degré : la baisse devrait se poursuivre jusqu’en 2029 », mars 2025.

APPRENTISSAGES AMÉLIORÉS, CARRIÈRES VALORISÉES

« Les conséquences de la baisse des effectifs sur les apprentissages sont à moduler selon le niveau d’enseignement, affirme Marie Duru-Bellat, professeure de sociologie à Science-Po Paris. [… ] en primaire notamment en contextes défavorisés, des études précises ont démontré que les effets étaient significatifs, mais sans automaticité » (lire p. 19). « Enseigner de la même façon avec moins d’élèves ne produit rien de spectaculaire, observe l’universitaire. Les effets positifs dépendent de l’adaptation des pratiques enseignantes à l'effectif réduit ». En outre, la réduction du nombre d’élèves par classe peut également avoir un impact favorable sur le recrutement des PE.

“Repenser les pratiques professionnelles et la formation des PE à l’aune de la baisse des effectifs.’’

« La grande question actuelle est celle de l’attractivité du métier enseignant, or, si le salaire entre en jeu, il faut aussi agir sur les conditions de travail, la formation et l'affectation », précise-t-elle. Avec des classes moins chargées, l'émergence de nouvelles pratiques pédagogiques est possible. Classes dédoublées, co-enseignement…, autant de dispositifs qui permettent de consacrer davantage d’attentions à l’ensemble des élèves. « En co-enseignant avec un PE spécialisé, l’enseignant décale son regard de la difficulté aux besoins des élèves. Les pratiques évoluent et s’enrichissent mutuellement. Le co-enseignement s’avère être une véritable piste pour engager une réelle école inclusive », souligne Magaly Ruiz-Touchard, directrice des études pour la formation des PE spécialisés à l’Inspe d’Antony (p. 17).

“Le petit effectif permet de ne laisser personne de côté.’’

« En classe dédoublée, je peux réexpliquer, mettre en confiance, cerner les besoins émotionnels de chacun, identifier les grands parleurs ou ceux qui sont plus inhibés, tout cela beaucoup plus rapidement qu’avec une classe à 24 », témoigne de son côté Aurélie Lecuyer, PE en charge d’une classe de quatorze élèves dans un CP dédoublé de l’école Langevin-Wallon à Colombes (Hauts-de-Seine). « J’ai pris conscience de l’importance d’observer les procédures des élèves au quotidien dans leurs travaux individuels, en petit groupe ou en collectif », ajoute Aurélie. « Le petit effectif permet de ne laisser personne de côté. Tout le monde participe et s’exprime, note Irène Servan, enseignante qui accueille dans une classe unique quinze élèves de la GS au CM2 à Saint-Nazaire-Le-Désert (Drôme). Je peux prendre du temps avec chacun, adapter rapidement et de manière ciblée mon enseignement à leurs besoins, en particulier par la manipulation et le jeu. »

« La baisse de la démographie scolaire est une opportunité si on prend les bonnes mesures », insiste Marie Duru-Bellat. « Il faut savoir où mettre les moyens pour les diriger vers les dispositifs ou les actions efficaces. Tous les économistes disent que dépenser pour l’éducation est un investissement. […] c’est particulièrement vrai si on cible la scolarité primaire. »

SOMMAIRE :

  • Voir loin... : éclairage à partir d'une étude de l'Institut des politiques publiques sur les investissements bénéfiques possibles avec la baisse des effectifs
  • Classe dédoublée, des temps de qualité : reportage en CP à Colombes où enseigner autrement est un plaisir
  • “Repenser les pratiques pédagogiques” : 3 questions à Magaly Ruiz-Touchard
  • Multiniveaux, multi-richesses : reportage dans une classe unique dans la Drôme
  • “La baisse de la démographie scolaire est une opportunité” : interview de Marie Duru-Bellat

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