« Mise en mots »

Mis à jour le 10.12.19

min de lecture

Des ateliers-débats pour aborder la laïcité à l’école Romain-Rolland d’Évreux (27)

« La laïcité pour moi, c’est pas se moquer des gens, de leur religion pour qu’on puisse vivre ensemble », explique Sabila, pompon en main, lorsque l’enseignante pose le thème du débat. Aimé réagit dès que le pompon lui est remis. « Pour moi, ça veut dire qui si y a un chrétien et un musulman, ils peuvent jouer ensemble. Avoir une religion différente, ça veut pas dire qu’on est différent » Parler seulement lorsqu’on a le pompon en mains, ces élèves de CM2 de l’école Romain Rolland à Évreux (27) le savent. Ces débats sont une habitude avec des règles posées avant de commencer : il n'existe ni questions ni réponses bêtes et la parole est libre à partir du moment où elle est dans le thème. Dans cette école REP+ de dix classes qui accueille près de 250 élèves du quartier de la Madeleine où vit un cinquième de la population d’Évreux, le vivre ensemble est au centre des préoccupations. Et pour cause, l'école accueille près de trente origines différentes et une population dont 70% sont d’une catégorie socio-professionnelle défavorisée, dont les croyances et les modes de vie semblent si différents. Pourtant non, et l’équipe enseignante a bâti tout un projet autour des programmes d’éducation morale et civique pour préparer les élèves à leur futur rôle de citoyens et de citoyennes. Jérôme Garapon, enseignant de la classe, laisse sa place à Yasmina Bouamar, enseignante de CE1, tous les après-midis pendant une demi-heure afin qu’elle mène des ateliers débats avec ses élèves dans le cadre d’un décloisonnement. « Le débat sur la laïcité d’aujourd’hui est dans la continuité du travail sur les valeurs de la République, au même titre que la liberté, l’égalité et la fraternité abordées la semaine passée en histoire. On avait analysé une gravure dans laquelle des gendarmes enlevaient des crucifix dans les écoles. Cela m’a permis d’introduire la notion de laïcité » Yasmina s’appuie sur cette séance pour lancer le débat du jour. Les élèves attendent sagement d’avoir le petit pompon rose pour s’exprimer. Tous participent.

« Mon ami, il peut croire en dieu ou pas »

En deuxième partie de séance, l’enseignante leur présente un dilemme. « Des élèves travaillent sur un texte qui parle de Jésus. Samy lève la main et dit qu’il ne croit pas en Dieu. Une partie des élèves est choquée et décide de ne plus être amie avec lui. Pierre, le meilleur ami de Samy, est embêté car il ne sait pas s’il doit faire comme les autres ou le défendre ». Les réponses fusent. Pour Farouk, « mon ami il peut croire en Dieu ou pas. C’est rien, c’est son choix. Moi, je l’aurais défendu ». Pour Aimé, la réaction de Pierre est choquante, « il devrait pas avoir à choisir. C’est son ami, il doit accepter son choix. Il doit savoir directement qu’il doit le défendre ». Un seul moment de crispation pour Dudu lors cette demi-heure de débat. Pour lui, c’est inimaginable de changer de religion, « ça se fait pour les parents et tout… ». Une réaction loin d’être propre aux élèves de REP, un simple conflit de loyauté que peut ressentir n’importe quel élève et que l’école peut aider à surmonter. 

Écrire à la rédaction

Merci de renseigner/corriger les éléments suivants :

  • votre prénom n'a pas été saisi correctement
  • votre nom n'a pas été saisi correctement
  • votre adresse email n'a pas été saisie correctement
  • le sujet n'a pas été saisi correctement
  • votre message n'a pas été saisi correctement

Merci de votre message, nous reviendrons vers vous dès que possible