Maths, le genre de toutes et tous

Mis à jour le 21.11.25

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Plan Filles et maths, la question de la réduction des inégalités est plus que jamais posé

Alors que le ministère lance de nouveaux programmes en mathématiques et un plan Filles et maths, la question de la réduction des inégalités dans l'apprentissage de cette discipline est plus que jamais posée. Des inégalités qui ne touchent pas seulement les filles, mais aussi les élèves les plus défavorisés socialement.

Cette année scolaire serait-elle celle des maths ? En tout cas le ministère semble vouloir donner une impulsion puisque depuis la rentrée, doivent être mis en œuvre de nouveaux programmes en mathématiques, la poursuite d’un plan de formation et le plan Filles et maths pour pallier l’apparent manque d'appétence des filles pour la discipline. Que le ministère se soucie de l’enseignement des mathématiques dès le début de la scolarité est plutôt une bonne chose. Ces derniers mois, plusieurs publications ont confirmé des tendances à l’œuvre depuis longtemps. L’enquête TIMSS 2023 qui évalue les compétences au CM1 et en 4e, montre une accentuation des inégalités et un niveau général en baisse, la France se classant parmi les derniers pays de l’OCDE.

Par ailleurs, une étude de l’Inserm exploitant les évaluations nationales montre que les filles et les garçons ont les mêmes compétences en mathématiques à l’entrée au CP mais que dès la fi n du premier trimestre des écarts en défaveur des filles sont constatés qui ne vont qu’en se creusant par la suite de la scolarité élémentaire. L’OCDE montre dans son étude Regards sur l’éducation, que ces différences se mesurent ensuite en termes d’orientation puisque seules 25% des filles en France optent pour une formation STEM après le bac.

“Le présumé sens inné des maths est le mythe le plus persistant’’

La question est désormais de savoir si les mesures annoncées pour la rentrée sont de nature à inverser la tendance. Si les nouveaux programmes prétendent fixer « des objectifs clairs, structurés, explicites pour les élèves », ils remettent en cause la notion de cycles, témoignent d’une vision formatée des élèves et des-saisissent les PE de la conception de leurs enseignements. Or, ce que montrent les sciences de l’éducation est que cette vision des savoirs et des apprentissages participe à l’accroissement des inégalités. En tout cas ils ne répondent pas à ce que Pierre Eysseric, agrégé de mathématique et formateur INSPE, relève comme facteurs faisant obstacle à l’apprentissage des maths, « principalement une question de malentendus qui s’installent entre l’usage que font les élèves des symboles mathématiques et les représentations des PE sur cet usage » .

LUTTER CONTRE LES STÉRÉOTYPES

Dans ce contexte survient le lancement du plan Filles et maths visant à « soutenir la réussite des filles dans les filières scientifiques ». Plan qui omet totalement la sur-représentation des maths dans la réussite scolaire au détriment des filières littéraires. Le plus gros du plan vise le secondaire et l’enseignement supérieur. Au primaire, une opération de sensibilisation de 2 heures devait être organisée pour tous les PE en septembre et une formation spécifique dans un cadre pluriannuel devrait être dispensée pour la prévention des biais de genre et des stéréotypes dans l’apprentissage des mathématiques.

Mais les prescriptions restent plutôt floues. Elles sont déléguées aux « territoires », en clair au niveau des inspections qui « pourront adapter les contenus et les formats en fonction des besoins locaux préalablement identifiés »… Aucun moyen n’est annoncé, c’est essentiellement sur les directrices et directeurs d’école, déjà surchargés, et sur l’autoformation que le système doit reposer. Pourtant, on sait que dans leurs pratiques du quotidien, les enseignantes et enseignants ont parfois tendance, inconsciemment, à privilégier les interactions avec les garçons et les élèves les plus habiles, ce qui participe aussi à la reproduction des inégalités sociales et genrées.

Tillia Février, de l’école François Coppée à Paris en a bien conscience et prend du temps avec tous ses élèves notamment pour « les fi lles qui sans sollicitation ne prennent pas forcément la parole » (lire p. 16-17). De son côté, l’équipe de l’école Romain Rolland de Lormont (Gironde) est en pleine ébullition suite à une formation commune qui l’a conduite à travailler en équipe et à porter une attention soutenue à tous les élèves et en particulier celles et ceux en difficulté lors des situations problèmes .

BÂTIR UNE ÉCOLE ÉGALITAIRE

Pour autant, les stéréotypes de genre associant la réussite en maths au mas-culin restent très prégnants. Il faudrait ouvrir le chantier de déconstruction de ces normes de genre et pour faire bon poids bonne mesure, ouvrir aussi celui de la déconstruction des préjugés associant le littéraire au féminin. Tout en conservant dans le viseur la réduction des écarts les plus significatifs liés aux inégalités socio-économiques. « Le présumé sens inné des maths est le mythe le plus persistant.

Sciences sociales et naturelles montrent que l’idée d’une aisance naturelle en maths n’a aucune réalité. Nulle trace de cerveau littéraire ou scientifique. Les cerveaux ne diffèrent qu’après entraînement. Seule la pratique crée les différences de capacités. L’exposition aux raisonnements scientifiques varie dès la prime enfance, d’où des écarts constatés dès le CP », explique la sociologue Clémence Perronet . Un enseignement non genré et égalitaire reste à bâtir.

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