Loi handicap, 20 ans après
Mis à jour le 31.01.25
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3 questions à Alexandre Ployé sur l'école inclusive
ALEXANDRE PLOYÉ, professeur des universités en sciences de l’éducation et de la formation, CY Cergy Paris Université.
20 ANS APRÈS LA LOI SUR LE HANDICAP, OÙ EN EST L’ÉCOLE ?
L’augmentation du nombre d’enfants en situation de handicap désormais scolarisés a transformé le paysage de l’école. Les enseignants doivent travailler avec une hétérogénéité extrêmement forte et d’autres personnels que sont les AESH. L’école inclusive ne concerne pas que le handicap mais également les élèves allophones, primo-arrivants ou en grande difficulté scolaire… tous les enfants plus ou moins éloignés des attendus de l’école. Tout en prétendant à une inclusion scolaire toujours plus grande, le ministère n’a pas choisi de multiplier les enseignants spécialisés, appui pourtant fort pour les enseignants ordinaires. Il a préféré le développement des AESH, sans qu’elles ne soient correctement formées ni rémunérées alors qu’elles s’occupent des enfants les plus en difficulté du système.
QUELLES CONSÉQUENCES POUR LES PE ?
Un indéniable surcroît de travail et une très forte protocolisation de celui-ci avec la multiplication des documents à remplir. Penser adaptation et différenciation pédagogique demande beaucoup de temps et nécessite une formation et un accompagnement encore trop faibles. Par ailleurs, la puissance de l’injonction inclusive, juste quant au principe mais décorrélée des moyens adéquats, est source de souffrance professionnelle. Les enseignants sont encore trop seuls à porter un changement qui se veut révolutionnaire, d’où la naissance d’oppositions autour de la question de l’inclusion scolaire.
COMMENT RENDRE L’ÉCOLE PLUS INCLUSIVE ?
L’école inclusive pourrait être la matrice d’une reformation du système dans son ensemble en utilisant la baisse démographique pour relancer le co-enseignement. La professionnalisation des AESH est aussi indispensable pour qu’elles deviennent de réelles partenaires dans les classes avec la formation et la rémunération qui vont avec. Elles serviraient alors d’appui pour passer d’une logique de compensation individuelle à une logique d’accessibilité universelle. Un rapprochement entre l’école et le monde médico-social, tout en respectant les zones de professionnalité des uns et des autres, permettrait aussi la création d’une culture commune indispensable autour des besoins des élèves.