« Le premier effet de la crise est la peur »

Mis à jour le 02.06.20

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Interview de Marie-Aleth Grard, ATD Quart Monde : les effets de la crise sur les précaires

Marie-Aleth Grard est responsable enfance d’ATD Quart Monde France et membre du conseil scientifique COVID19.

Quels sont les effets de la crise sanitaire sur les plus précaires ?

Dans les familles les plus pauvres, le premier effet est la peur. La peur d’apporter le Covid chez soi, la peur d’être atteint et de déstabiliser l’équilibre précaire dans lequel elles sont. Et puis rapidement, à toutes ces peurs s’est ajoutée celle d’avoir faim. Les familles se sont rendu compte qu’elles devaient faire leurs courses dans les magasins les plus proches où tout est plus cher. On a vu des familles qui n’allaient plus depuis longtemps aux distributions alimentaires, y retourner. Nourrir tout le monde trois fois par jour aux prix des commerces de proximité plombe encore plus le budget de ces familles qui avaient déjà beaucoup de mal à tenir après le 19 du mois. Tout est plus compliqué pour les précaires.

Sont-ils les grands oubliés ?

On ne peut décemment pas dire que ce sont les grands oubliés puisque plus de 10 000 familles ont été relogées. C’est plus pernicieux. Le gouvernement n’a eu de cesse de dire qu’il avait en tête les plus défavorisés et je pense que lorsque le Président a annoncé les ouvertures des écoles le 11 mai pour permettre de lutter contre les inégalités, il y croyait, même si bien évidemment il avait en tête de relancer l’économie. Mais ça ne marche pas comme ça. Quand on dit que le retour n’est pas obligatoire, ça ne rassure pas les parents surtout ceux des milieux les plus défavorisés. Le ministre de l’Éducation qui n’a cessé de dire tout et son contraire ça n’aide pas. Certaines familles nous ont dit : de toute façon, quoi que je fasse, j’aurais toujours tout faux.

Et concernant la « continuité pédagogique » ?

Pour moi, c’est un gros mot. Comment ose-t-on parler de continuité pédagogique aux parents alors qu’en fait on ne leur a jamais parlé de pédagogie. Quand une enseignante de maternelle leur propose de regarder des phonèmes avec leurs enfants, pour nombre
de parents cela ne veut rien dire, ce qui va susciter un sentiment d’incompétence. La continuité pédagogique n’existe pas. Il faut que cela nous serve de leçon et que l’on crée des outils pour permettre une meilleure compréhension entre les parents et l’école.

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