"Le métier est ce que l'on en fait"

Mis à jour le 22.05.21

min de lecture

Interview de Corinne OJALCO, conseillère pédagogique dans le Cher

Quelles difficultés pour les PE entrant dans le métier ?

Démarrer dans le métier n’est pas chose aisée car de nombreuses tâches incombent aux enseignants. L’une des premières difficultés réside dans la nature même du poste. Souvent, les jeunes titulaires sont affectés sur des compléments de temps partiels ou des décharges et peuvent avoir jusqu’à quatre classes différentes par semaine. Le corollaire au partage de classe est la répartition des disciplines qui peuvent empêcher l’exercice de la polyvalence. De plus, les premières affectations, en particulier sur un département rural, sont souvent en multi-niveaux, ce qui ajoute encore de la difficulté puisqu’il faut préparer chaque niveau et trouver une organisation adéquate.
Quoi qu’il en soit, avoir une vision générale des concepts à enseigner, prévoir une programmation sur l’année, c’est très difficile. Doser les contenus, être au clair sur les objectifs se construit dans le temps.

Comment se construit une professionnalité ?

Le métier d’enseignant est très mouvant, d’abord parce que la recherche évolue et nous invite donc à repenser régulièrement notre pratique de classe, ensuite parce que les injonctions ministérielles nous obligent à réorganiser certains aspects du métier. Les prémisses de la professionnalité s’appuient très souvent sur le souvenir de l’élève qu’on a été ou de l’enseignant qu’on a eu. Progressivement, cette posture laisse place à des gestes professionnels réfléchis, empreints d’une expérience partagée… Le métier est donc ce que l’on en fait. Il nécessite des va-et-vient constants entre la pratique quotidienne et les référents théoriques, ce qui est difficile à mener dans ces premières années. D’autant que la préparation de la classe est chronophage. C’est un métier où on doit s’interroger, questionner. C’est aussi un métier où le collectif doit prendre toute sa part. Réfléchir à plusieurs sur des démarches pédagogiques, des outils, des attitudes à adopter auprès des élèves et de leurs familles permet de se forger une certaine professionnalité. Développer des aptitudes, des compétences professionnelles, c’est comprendre les enjeux de métier. Le temps, l’expérience, les échanges aident à les saisir.

Quel peut être le rôle de la formatrice ?

Lors des visites des T1 ou T2*, nous observons les pratiques de classe (les contenus enseignés, les interactions des élèves entre eux et avec l’enseignant, la place de l’oral, celle de l’écrit…), puis nous échangeons. Nous pouvons alors proposer des outils à expérimenter, des démarches à réaliser. Il est important d’instaurer un climat de « sécurité » pour qu’ils puissent s’autoriser à évoquer leurs questionnements, leurs préoccupations, leurs projets, leurs réussites et leurs difficultés sans se sentir évalués, sans référence à l’IEN. Finalement, les conseillers pédagogiques accompagnent plus qu’ils ne conseillent ! L’accompagnement constitue un changement de posture qui doit être pensé dans un continuum cohérent de parcours de formation où les attendus évoluent. Les pairs, les formateurs et formatrices sont là pour encourager et ouvrir des possibles. *Titulaires première et deuxième année.

Écrire à la rédaction

Merci de renseigner/corriger les éléments suivants :

  • votre prénom n'a pas été saisi correctement
  • votre nom n'a pas été saisi correctement
  • votre adresse email n'a pas été saisie correctement
  • le sujet n'a pas été saisi correctement
  • votre message n'a pas été saisi correctement

Merci de votre message, nous reviendrons vers vous dès que possible