Le bâti pour tous les usagers
Mis à jour le 22.04.23
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À Neuvecelle, l’école au cœur d’un projet architectural
Dans la commune de Neuvecelle en Haute-Savoie, l’augmentation des effectifs de classe a enclenché une réflexion plus globale sur le bâti au service de l’ensemble des usagers des services publics.
Selon une habitude bien établie, dans la commune de Neuvecelle (Haute-Savoie), des élèves de cycle 3 se rendent de leur propre chef, après la classe, à la médiathèque et s’installent confortablement pour effectuer leurs devoirs. « La médiathèque a été pensée pour être un lieu de rencontre, faire en sorte que chacune et chacun puisse se l’approprier quel que soit son âge », explique Armelle Doucet, la responsable. Un fonctionnement qui ne doit rien au hasard. En effet, dans ce village de plus de 3 000 âmes, situé sur les hauteurs du lac Léman à quelques kilomètres d’Évian, une réflexion a été menée par la commune avec l’ensemble des partenaires et usagers des services publics alors qu’il ne s’agissait au départ que de régler un problème de bâti scolaire. « Tout est parti en 2014 de la nécessité d’agrandir l’école qui voyait ses effectifs augmenter fortement, se rappelle la maire Nadine Wendling. Mais en faisant le tour des besoins, nous nous sommes très vite rendus compte que cela dépassait le cadre et les horaires scolaires. Il y avait des demandes multiples, une volonté et un désir de mieux vivre au sein de notre village ». Plusieurs besoins ont été identifiés en plus des nécessaires créations de classes : le regroupement géographique des écoles maternelle et élémentaire, l’aménagement de lieux abrités de la pluie pour les élèves, le réaménagement du dortoir, la suppression des classes traversantes en maternelle, l’agrandissement du restaurant scolaire. Il s’agissait aussi d’en profiter pour répondre à d’autres besoins avec la construction d’une salle d’évolution sportive, d’un lieu de garde pour les 0-3 ans, d’un accueil de jour pour les personnes âgées, d’une bibliothèque avec une capacité d’accueil plus grande et de locaux pour le périscolaire. « Il était important de conserver au cœur du village l’école qui rythme la vie des habitants, de rénover le plus possible les bâtiments mais aussi de favoriser les déplacements à pied et d’assurer la sécurité des usagers », précise l’édile.
Créer du lien
Munie de ce cahier des charges, la municipalité décide de se tourner vers un concours d’architecture. Sur soixante candidatures parvenues en mairie, trois sont retenues par un collectif composé d’élus et de professionnels, mais aussi des deux directrices d’école associées au projet. « Une solution monobloc très dense, une proposition très moderne intégrée dans la pente et une proposition plus diffuse dans le village qui donnait envie de s’y balader, c’est cette dernière qui a fait accord », se remémore la maire. « Nous avons tout de suite identifié l’aspect intergénérationnel du projet, explique de son côté Nicolas De-bicki, architecte des ateliers PNG architecture. Pour favoriser les échanges, l’entrée de la médiathèque, de la salle de sports et de la restauration scolaire se fait dans une cour commune au futur bâtiment de l’accueil de jour des personnes âgées et de la Maison des assistantes maternelles ». L’utilisation par diverses personnes, la circulation entre les sites et autour de l’école et la propension à se fondre dans le paysage ont été les fils conducteurs du projet. « Les différents bâtiments ont été fragmentés pour que chacun ait une dimension et une résonance avec le tissu urbain existant. Le projet devait s’inscrire dans le cœur du village mais aussi tenir compte de la topographie qui est très importante, 12 mètres entre le point le plus haut et le plus bas », indique l’architecte. L’autre thématique importante a été l’intégration des bâtiments dans le grand paysage. Les fenêtres sont surdimensionnées et mettent en valeur l’extérieur donnant un aspect contemporain au bâti. Les bâtiments sont disposés en quinconce, ce qui permet d’avoir une très belle vue de l’intérieur mais aussi de l’extérieur sur tout le paysage. « L’idée était aussi de favoriser les échanges et le déplace-ment par l’architecture, c’est ce qu’on appelle la chronotopie, pour apporter une qualité de vie supplémentaire aux élèves notamment mais aussi à tous les autres utilisateurs », souligne l’architecte.
Un mieux-être pour toutes et tous
Un chemin central traverse et dessert l’ensemble des bâtiments en toute sécurité, plus besoin de traverser la route pour se rendre à la médiathèque. Un nouvel aménagement qu’apprécie l’ensemble de l’équipe enseignante. « Avoir la salle de sports, les locaux du périscolaire et la médiathèque à portée de main en toute sécurité facilite le fonctionnement et l’organisation des activités, indique la directrice Véronique Vuargnoz. Ces espaces communs autour de l’école sur des temps différents favorisent le lien avec les familles qui sont aussi séduites par ces locaux ». Les classes sont lumineuses, spacieuses, bien insonorisées et disposent de nombreux rangements. À la maternelle, le grand couloir réalisé pour desservir les classes fait l’unanimité tout comme l’aménagement de la cour d’école où la pente a été utilisée pour y installer une glissière. « Les récrés sont plus apaisées, les élèves jouent beaucoup avec les copeaux de bois, observent la nature et inventent de nouveaux jeux », rapporte une enseignante. Tout au long du projet et encore maintenant, la directrice apprécie d’être intégrée à la réflexion mais aussi que l’ensemble des personnels exerçant dans l’école soit sollicité pour donner son avis. « Cela permet de croiser nos regards, nos ressentis, de lever des points noirs et d’essayer collectivement d’améliorer ce qui peut l’être comme la signalisation des bâtiments, les possibilités d’affichage dans les classes ou encore le bruit dans les couloirs », insiste Véronique. D’autant que la municipalité reste attentive à nos demandes et fait tout ce qu’elle peut pour y répondre ».
Un bâti scolaire à reconstruire
Pour la FSU, la question du bâti scolaire doit accorder une attention particulière à la santé et à la sécurité des personnels et des usagers. Les conditions de travail et la santé des membres de la communauté éducative sont parfois fortement dégradées par la vétusté du bâti scolaire, à l’échelle de territoires entiers (écoles de Marseille, établissements d’Île-de-France ou des départements et régions d’outre-mer) ou d’établissements particuliers. Mais les questions environnementales doivent aussi être prises en compte. La suppression des passoires thermiques, la rénovation des locaux sont des enjeux de réduction des inégalités territoriales. Si les lois de décentralisation ont rendu les collectivités responsables du financement de la rénovation et de la maintenance des écoles et établissements, il devient nécessaire d’établir et de renforcer une politique nationale du bâti scolaire, qui se doterait d’une législation plus contraignante, mais aussi d’instances de contrôle par des organismes dotés de moyens suffisants.