La cour des merveilles
Mis à jour le 29.11.24
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La végétalisation de la cour redéfinit les relations à l’école
« J’adore faire des balades dans la cour », confie Fanta, élève en GS à l’école maternelle Jacques Prévert de Lons-Le-Sau-Saunier. Des promenades récréatives appréciées aussi à l’école élémentaire accolée, depuis la végétalisation des cours de ces deux écoles jurassiennes. Faire le tour du rectangle bitumé de l’ancienne cour revêtait moins d’intérêt !
Dans chaque cour, un circuit pour vélos et trottinettes ondule entre différents espaces aménagés, buttes en terre et végétations variées, souvent accessibles aux élèves qui disposent à la fois de zones dynamiques et calmes. En maternelle, les enfants récoltent et transportent les feuilles mortes, tentent de s’équilibrer sur des rondins, dessinent à la craie sur les pavés ou investissent une cabane pour troquer des copeaux de bois. À l’élémentaire, ils négocient leur tour de balançoire, jouent à « loup-famille-cache-cache » dont ils ont imaginé les règles, investissent les tables pour faire des coloriages ou improvisent un récital à l’amphithéâtre.
L’implication des élèves au fil de l’élaboration de la cour de récréation a permis de prendre en compte leurs envies et leurs besoins. L’avis de Mayssan est franc : « Cette cour est bien plus belle et il y a plus de possibilités de jeux. » Sirane, sa camarade de CM, appuie : « Avant il y avait juste deux cages pour jouer, maintenant on a un vrai terrain », en référence à l’aménagement d’un city, volontairement décentré pour sortir du classique terrain de foot dominant l’espace et renvoyant la grande majorité des filles et les garçons moins sportifs en périphérie. À l’instar du vélo en maternelle canalisé grâce à la mise en place du circuit.
VARIATIONS DE PRATIQUES
Initiée dans un objectif de désimperméabilisation des sols et de création d’îlots de fraîcheur, la végétalisation a permis un renouvellement des interactions et des pratiques enfantines, participant à un apaisement du climat. Valérie Cuinet-Renard et Jérôme Poux-Berthe, PE à l’élémentaire, confirment que s’il reste des « chamailleries, les élèves s’autorégulent davantage, l’occupation des espaces s’est équilibrée. Le climat de classe s’en retrouve également amélioré, les élèves ne remontant pas des récréations avec la tension des conflits ». Leur collègue Fabienne Giroud précise à cet égard le lâcher prise nécessaire – et pas si évident – pour les adultes : ne pas craindre les salissures, accepter d’autoriser aux enfants des espaces de liberté.
Des exploitations pédagogiques ont aussi émergé : un parcours signalétique identifiant les essences des arbres en partenariat avec une artiste céramiste, la réalisation d’hôtels à insectes ou de tisane de tilleul, la tenue de potagers ou des lectures à l’ombre lorsque les classes exposées plein sud atteignaient les 30° en juin... Fabienne note également l’émerveillement devant les couleurs des feuilles d’automne et le plaisir des premiers bourgeons au printemps : « Cela crée un autre rapport à la nature et au vivant et modifie les représentations de ces enfants qui habitent au milieu du béton. Ils ont apprivoisé leur première peur des abeilles ou des vers de terre pour apprendre à aimer les observer. » La récré devient un espace d’expérimentations spontanées.