L'EPS en maternelle, primordiale
Mis à jour le 27.06.24
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Pour Stéphanie Barrau, l'équilibre est un enjeu de santé publique
STÉPHANIE BARRAU, professeure des écoles, directrice d’école maternelle d’application et PEMF à l’Inspé de Poitiers*
POURQUOI PRATIQUER L’EPS AU QUOTIDIEN EN MATERNELLE ?
L’école maternelle est primordiale pour le développement psychomoteur et la construction des « patrons moteurs » : les locomotions, les équilibres stabilisés et dynamiques, les manipulations, les projections/réceptions. Avant sept ans, ils se mettent en place avec facilité, lors de sollicitations quotidiennes et grâce à un milieu d’évolution riche et varié. Les systèmes nerveux périphérique et central travaillent en étroite collaboration pour adapter les gestes moteurs et gagner en efficacité. L’acte moteur implique quatre processus : la dissociation segmentaire -bouger le doigt sans bouger le bras, l’automatisation - produire une action sans y réfléchir puis en entreprendre une autre, la coordination - enchaîner les actions et l’équilibration - maintenir son équilibre.
ET L’EQUILIBRE ?
L’équilibration est intégrée dans toutes les actions comme lancer, sauter mais aussi écrire. Or, la station « debout » n’est pas acquise à la naissance tandis qu’elle décline en vieillissant. Ce qui fait de l’équilibre un enjeu de santé publique. Les jeux libres dehors ont permis d’observer des actions spontanées d’équilibre plus complexes que celles habituellement proposées à l’école. L’équilibration s’acquiert en luttant contre le déséquilibre, ce qu’il convient donc d’organiser.
COMMENT FAIRE?
D’abord partir des besoins de l’enfant car les écarts de développement psychomoteur sont importants selon l’âge et les sollicitations antérieures. Ensuite, jouer sur diverses variables pour complexifier les équilibres statiques ou dynamiques : priver du sens visuel, perturber le déplacement, proposer différentes surfaces, hauteurs... La pratique pieds nus s’impose pour libérer la mobilité de la cheville et développer la sensibilité de tous les capteurs podaux. L’échauffement aide à travailler la dissociation segmentaire, construire le schéma corporel et acquérir un vocabulaire spécifique. Concevoir des parcours avec plusieurs entrées ou proposer des ateliers permet l’engagement actif pendant trente minutes. Enfin, ne pas appauvrir les dispositifs en proposant des activités trop faciles, sans déséquilibre. Pour ce faire, sécuriser les dispositifs avec des tapis ou l’étayage d’un adulte lorsqu’un enfant s’accroupit. Le risque est parfois subjectif pour certains qui ont besoin d’encouragements.