J.J Paul : "Le poids des origines"
Mis à jour le 14.01.19
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Tous les élèves ne sont pas égaux face au redoublement, souligne l'universitaire
Vous pointez le poids des origines dans le redoublement, c'est-à-dire?
à la rentrée 2017, 8% des élèves terminent l’école primaire en retard. Au collège, la part des élèves dits «à l’heure» diminue avec le déroulement de la scolarité. Ils ne sont plus que 82% dans ce cas en classe de troisième.
Le fait de redoubler modèle les trajectoires éducatives. Alors que la majorité des élèves de seconde générale et technologique sont «à l’heure » par rapport à l’âge théorique, les élèves inscrits en formation professionnelle sont souvent en retard. En première année de CAP en deux ans, 75% des élèves sont en retard d’un an ou plus. En seconde professionnelle, ce taux est de 43%.
Les disparités sociales de réussite restent fortes. L’accès à la sixième sans redoublement est quasiment général chez les enfants de professions libérales, cadres, chefs d’entreprise (96%) et enseignants (97%). En revanche, le redoublement touche encore plus d’un enfant d’ouvrier sur dix et un enfant d’inactif sur quatre.
Si les enfants d’immigrés sont plus souvent concernés par des décisions de redoublement, cela est dû en partie au fait qu’ils sont souvent aussi originaires de familles socialement défavorisées. En soi, le fait de parler chez soi une autre langue que le français n’aurait pas non plus d’effet spécifique sur le fait de redoubler. Cependant, dans l’étude menée à partir du Panel 1998, si nous ne considérons que les familles ouvrières et employées, trois ans après l’entrée en sixième 41% des enfants d’origine française étaient en retard, ce qui était le cas de 49% des enfants d’origine portugaise et 50% des enfants d’origine maghrébine.
Quelles évolutions y a-t-il eu dans ces différents facteurs?
La pratique du redoublement au primaire est en nette régression. Le taux de retard de 8% à l’entrée en sixième en 2017 doit être rapporté à celui de 21% à en 2004 et plus de 50% en 1960. Il en va de même au collège. à comparer aux 18% d’élèves de troisième en retard en 2017, 24% des élèves étaient dans cette situation en 2013 et 46% en 1993.
Les écarts entre milieux sociaux tendent à se réduire, avec des progressions importantes parmi les enfants originaires des catégories sociales les plus défavorisées. Entre la rentrée 2002 et la rentrée 2016, le taux d’accès à la 6e sans redoublement chez les enfants d’ouvriers non qualifiés est passé de 66,6% à 86,1% soit une hausse de près de 20 points.
Y a-t-il une spécificité française?
Les résultats de PISA 2015 pour la France confirment les observations précédentes. 22 % des élèves ont redoublé au moins une fois avant l'âge de 15 ans, soit le double de la moyenne des pays de l’OCDE. La France, avec un pourcentage de redoublants largement supérieur à la moyenne de l’OCDE, connaît cependant la plus forte diminution, avec une réduction de 16 points de pourcentage entre 2009 et 2015 (de 38% en 2009 à 22% en 2015), quand la baisse est de 3 points en moyenne pour les pays de l’OCDE.
Deux résultats concernant les facteurs liés au redoublement sont à retenir du Pisa 2015. L’écart est le plus fort en France entre les établissements les plus favorisés socio économiquement et les moins favorisés (taux de redoublement de 3% pour les premiers et 56% pour les seconds, pour un écart moyen des pays de l’OCDE de 14%). Il est également très fort lorsque l’on prend en compte la localisation de l’établissement (15% pour les établissements des grandes villes contre 45% pour les établissements situés en zone rurale contre), alors que l’écart moyen est de 9% en moyenne pour les pays de l’OCDE.
