Inégalités de genre
Mis à jour le 22.05.23
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Itv de Dylan Racana, chercheur en sciences de l'éducation
Dylan Racana est chercheur en sciences de l’éducation et de la formation au laboratoire EDP*.
Les inégalités liées au genre sont-elles présentes dès l'école maternelle ?
Il existe à la fois une socialisation différenciée et des inégalités. Lorsque les enfants ajustent leur choix des coins jeux en fonction de leur genre, suite souvent à des remarques des pairs, cela entraîne une répartition moins mixte, une construction individuelle normée offrant moins de possibles. De même lorsque l’on surnomme une fille « ma belle » et un garçon « mon grand ». Ces stéréotypes, qui se retrouvent aussi dans les supports pédagogiques comme dans un conte où la femme reste sagement à la maison alors que le mari va combattre le loup, assignent dans des rôles très définis. Lorsque les professeurs interrogent davantage les garçons, phénomène documenté par la recherche, cela crée une inégalité de traitement.
Quel rôle jouent les interactions des PE ?
Il y a deux types de relation. Du côté des parents, on sollicite toujours les mères : pour une sortie, un enfant souffrant à qui on dit « Je vais appeler maman ». Du côté des élèves, les adresses sont différentes selon le genre. Les demandes d’assistance physique sont souvent adressées aux garçons, alors que les accompagnements d’aide à la personne sont davantage attribués aux filles. La colère est plus tolérée chez les garçons qui sont, par ailleurs, plus réprimandés. Le bon climat scolaire est une charge intériorisée qui revient aux fi lles, c’est à elles d’apporter le calme dans la classe. Évidemment, ces comportements différenciés sont très rarement volontaires. Tout le monde véhicule des codes stéréotypés que nous avons intégrés mais s’intéresser à ces questions d’égalité en fi n de primaire ou au collège est tardif. En plus d’une différenciation « primaire », c’est-à-dire qui existe hors l’école, il faudra alors aussi déconstruire celle que l’école aura transmise.
Comment permettre des évolutions ?
Alors que la recherche met en avant une certaine résistance à ces questions, la plupart des enseignantes et enseignants ne sont pas formés. Souvent, un déclic personnel permet de s’interroger. La formation peut être ce déclic ou accompagner les préoccupations de chacun. Si les ateliers spécifiques sur les inégalités filles-garçons sont intéressants, ils ont peu de poids si les discours quotidiens détonnent. Il s’agit d’avoir une vigilance régulière.