Guyane
Mis à jour le 12.12.23
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Loin de tout
« En ce moment, il faut plus de deux heures de pirogue pour rejoindre Maripasoula où se trouve l’inspection de circonscription », commence Estelle Ganachaud. Elle enseigne depuis quatre ans à l’école de Taluen, village wayana à la frontière du Surinam. Avec ses 6 classes, le groupe scolaire de 100 élèves est le plus important du Haut-Maroni. Comme toutes ses collègues, elle habite au village. « Nous sommes loin de tout, explique-t-elle. En ce moment, il n’y a plus de liaison aérienne et on est à deux jours de pirogue du littoral ».
Un isolement compliqué à vivre au quotidien, surtout quand à l’automne, le village a été privé d’eau pendant plusieurs semaines et que la vie est plus chère que sur le littoral. « Il faut prendre en compte les difficultés d’acheminement et anticiper les commandes de matériel scolaire qui souvent n’arrivent jamais. Nous arrivons à la fin du stock de papier », s’inquiète la PE. L’école est parfois restée six mois sans imprimante. Avec de vieux manuels et sans Internet à l’école, c’est avec son propre matériel qu’elle travaille et « se débrouille ». Les formations ont lieu l’après-midi à Maripasoula. « Cela nous oblige à prendre un taxi-pirogue et à dormir sur place mais comme c’est la même commune, nous ne sommes pas remboursées », dénonce Estelle.
Une seule pirogue au rectorat, réservée la plupart du temps pour les missions officielles… et donc aucun moyen de transport pour le Rased de la circonscription réduit au seul psychologue ou pour les conseillères pédagogiques. « On ne les voit qu’une fois par an et c’est frustrant, regrette-t-elle. L’une des grandes difficultés est de n’avoir aucune formation en « français langue étrangère » alors que nous sommes en plein territoire amérindien ». Un isolement professionnel et personnel qui génère un turn-over important de titulaires et le recours à de nombreux contractuels.
