Flots de paroles

Mis à jour le 06.11.19

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À l’école Libération de Rochefort (17), les jeunes enfants ancrent leurs apprentissages grâce à une verbalisation constante et exigeante.

Pour les TPS, PS et MS de Laurence Mehaute, le langage est une sollicitation constante. Dans cette classe de Rochefort, tout est une occasion de mettre en mots. À chaque activité, l’enseignante prend soin de décrire, d’expliciter. Elle accompagne ainsi les élèves dans leurs gestes moteurs en peinture, en amont lors de la consigne puis au moment de l’action. Une exigence qui se poursuit lors des autres moments : lavage des mains, mise en rang... « L’imprégnation par le dire dans une action simultanée est nécessaire pour ces jeunes enfants, avant même que de faire dire », explique-t-elle. Elle propose également divers courts ateliers de langage. Une séance de manipulation, reprenant le scénario de Miaoum*, héros de l’album lu et relu en classe, permet de nommer les aliments, d’y associer une pastille de couleur et de la déposer sur un chat en peluche. Une occasion de travailler aussi le lexique des parties du corps. « Progressivement, les enfants vont passer de la simple dénomination à une description, puis une comparaison pour tendre vers une justification ou une interprétation ». Chaque enfant partant de son niveau de langage. «patout, patout », dira Tom, « Jaune comme la banane », ajoutera Mohamed avant que Maloy ne complète : « Il est vaiment pas pope ». La maîtresse prend soin de reformuler systématiquement sous forme de phrase, apportant un feed-back construit syntaxiquement. Laurence veille aussi à travailler le langage d’évocation. En installant sur la table des photos prises lors d’une sortie en extérieur, les enfants peuvent commenter librement permettant une expression spontanée. Elle rebondit aux propos, pose des questions, reformule, avec l’exigence constante d’une phrase. L’enseignante a le souhait de solliciter chaque enfant, ce que permet l’effectif, 16 élèves cette année. « Les enfants arrivent avec un bagage très différent », précise-t-elle. C’est important de les écouter jusqu’au bout de leur pensée, d’attendre qu’ils trouvent leurs mots. Il faut se saisir de cette liberté de temps dont on dispose en maternelle.»
Ces deux démarches sont réitérées lors de la séance de motricité. La maîtresse commente les actions des élèves, leurs intentions, en situation, individuellement, lors de la réalisation des parcours. Puis en fin de séance, chaque enfant dit le parcours préféré avant de le réaliser de nouveau. Une manière de poser le langage comme une mise à distance de l’action directe, de différer le faire ou de l’expliquer. Ces choix d’accompagnement personnalisé, où les enfants « prennent » et progressent selon leur langage de départ, Laurence constate aussi que cela change la position de l’enseignante dans la classe. « On n’est plus le centre d’intérêt sur lequel l’enfant se fixe, on passe en attitude veille. C’est lui qui est acteur de sa progression. »
* Miaoum ! de Victor Coutard, (Gallimard jeunesse).

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