Evaluations, une aide ?
Mis à jour le 24.04.23
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Itv d'Agnès Florin, responsable du CNESCO, centre d'étude des systèmes scolaires
Agnès Florin est professeure émérite de psychologie de l’enfant et de l’éducation, responsable du Cnesco, centre d'étude des systèmes scolaires.
A quelles conditions l'évaluation est-elle au service des apprentissages ?
L’évaluation devrait être une aide aux apprentissages au quotidien. Elle devrait renseigner les élèves sur ce qu’ils ont acquis, leur permettre d’identifier l’écart entre leurs réponses et la demande faite et les compétences qui restent à travailler. De manière générale, les évaluations en classe ne sont pas toujours formalisées. Lorsqu’un enseignant regarde ce que fait un élève, l’état d’avancement de son travail ou lorsqu’il écoute ses questions et ses réponses, il est dans une phase d’évaluation. C’est en partie invisible pour les parents et l’élève et pas toujours conscientisé par les enseignants. Trop souvent encore sont pratiquées des évaluations qui classent ou notent, contribuant à produire des effets délétères sur les élèves : démotivation, affaiblissement de l’estime de soi.
Quel type d'évaluation privilégier ?
Il y a différentes formes d’évaluation qualitative sans qu’il y en ait une à privilégier par rapport à une autre. Il est important que les élèves sachent ce qui est attendu : les compétences à acquérir et les objectifs clairs. L’auto-évaluation et l’évaluation entre pairs sont aussi très utiles. Elles permettent un retour immédiat après la tâche, réactivent les apprentissages, donnent la possibilité de faire les ajustements nécessaires et d’assimiler les notions plus rapidement. Les feedbacks des enseignants sont également essentiels dans la mesure où ils permettent à l’élève de faire le lien entre l’évaluation et le travail réalisé, de conscientiser les acquis et les manques pour retravailler les éléments non réussis. C’est bien la production des élèves qu’on évalue et non la personne.
Comment modifier les pratiques d'évaluation ?
Le Cnesco plaide pour la création d’une culture commune. Il est nécessaire d’accompagner les enseignants qui sont demandeurs de formation dans la connaissance des travaux récents de la recherche, des principes de base de l’évaluation positive, des formes diversifiées de l’évaluation. Il s’agit de favoriser les échanges sur les différentes pratiques mais aussi de soutenir les enseignants dans leurs pratiques évaluatives et de dépasser l’opposition entre les évaluations formatives et sommatives. La formation devrait aussi s’effectuer sous des formes variées afin que les enseignants pratiquent l’évaluation qualitative en s’essayant par exemple aux pratiques collaboratives, en étant eux-mêmes en situation d’apprentissage ou d’auto-évaluation.